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Hématologie

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Place et perspective du transfert adoptif de lymphocytes T en immunothérapie Volume 14, numéro 2, mars-avril 2008

Auteurs
INSERM 892, 9, quai Moncousu, 44093 Nantes cedex

Les deux principales applications du transfert adoptif de lymphocytes T spécifiques concernent la restauration de l’immunité antivirale et l’amplification des réponses antitumorales. Pour les raisons exposées dans cette revue, il semble peu probable que des protocoles du type de ceux menés actuellement deviennent largement appliqués en clinique. En premier, les connaissances sont trop faibles en ce qui concerne la composition de ce que nous avions appelé les répertoires T suffisant, c’est-à-dire le nombre et la nature des clones T nécessaires à la protection ou à la guérison d’un patient. En second, ces protocoles sont souvent affectés par l’incompatibilité entre le délai de préparation des cellules et l’urgence du besoin pour le patient, ce qui est particulièrement vrai pour les complications virales. De plus, la restriction actuelle des essais à des petits groupes de patients limite les informations qui peuvent en être tirées. De façon générale, ces approches sont actuellement associées à trop d’éléments de complexité ; de l’incertitude sur les répertoires T aux difficultés techniques et logistiques concernant la sélection et l’amplification de ces cellules. Cependant, de l’expérience des transplantations il reste une évidence que si l’énorme potentiel des lymphocytes T comme effecteurs immuns peut être mis en œuvre de façon bénéfique, alors il sera raisonnable d’espérer de nouveaux progrès thérapeutiques. Pour que le transfert adoptif de lymphocytes T puisse devenir une pratique clinique répandue il faut concevoir des protocoles où moins de questions techniques et biologiques sont posées en même temps et où plus de patients peuvent être inclus. Dans cet objectif, plusieurs groupes travaillent actuellement sur des stratégies de transfert de gène dans les lymphocytes de façon à rediriger leur spécificité contre des antigènes comme CD19 ou CD33. Notre équipe, elle, concentre actuellement ses efforts vers la possibilité d’armer les lymphocytes T d’un récepteur qui les rend capables d’exercer la fonction de cytotoxicité cellulaire dépendante des anticorps (ADCC) dans le but de les utiliser en association avec des anticorps thérapeutiques. Cette dernière approche, pour laquelle il faudra résoudre les problèmes de sécurité liés au transfert de gène devrait enfin permettre de faire bénéficier de grands groupes de patients du potentiel immun des lymphocytes T.