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Hématologie

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Traitements innovants du myélome multiple Volume 10, numéro 4, Juillet-août 2004

Auteur
Service des Maladies du Sang, Hôpital Huriez, CHRU, 59037 Lille Cedex, France

Le myélome multiple (MM) représente environ 1 % des cancers et 10‐12 % des hémopathies malignes. La médiane d’âge au diagnostic est d’environ 65 ans dans les séries hospitalières. L’autogreffe de cellules souches hématopoïétiques (CSH) a représenté un progrès thérapeutique important des quinze dernières années. Les questions relatives au conditionnement, au greffon, à la supériorité de l’autogreffe sur la chimiothérapie conventionnelle et à sa faible toxicité (1 à 3 % de décès toxiques chez les patients au diagnostic) ont maintenant été résolues. Le débat actuel se focalise surtout sur l’intérêt de la double autogreffe et du traitement d’entretien après autogreffe. L’allogreffe à conditionnement non myélo‐ablatif fait aussi l’objet d’une évaluation active. Les bisphosphonates, pour traitement de la maladie osseuse, et l’érythropoïétine humaine recombinante, pour prise en charge de l’anémie, font maintenant fréquemment partie des programmes thérapeutiques. Mais le concept thérapeutique le plus innovant est sans conteste illustré par des molécules qui ciblent à la fois les cellules myélomateuses et l’environnement médullaire. Le thalidomide a ouvert cette voie, permettant d’obtenir un taux de réponse de 30‐50 % chez des patients présentant un MM réfractaire. L’analogue du thalidomide IMiD‐3 (Revimid ®, CC‐5013) a obtenu des résultats encourageants dans les études de phase I et II, y compris chez des patients réfractaires au thalidomide. Il est maintenant établi que le thalidomide et ses dérivés immunomodulateurs (IMiDs) agissent non seulement en inhibant l’angiogénèse mais surtout en induisant l’apoptose des cellules myélomateuses, en réduisant leur adhésion aux cellules stromales de l’environnement médullaire et en inhibant la sécrétion de facteurs de croissance, de survie et de migration des cellules malignes. L’inhibiteur du protéasome, bortézomib, constitue une autre molécule prometteuse. Dans l’étude de phase II réalisée récemment dans le MM réfractaire, une réduction de la protéine monoclonale supérieure ou égale à 90 % a été obtenue chez 10 % des patients et une réponse partielle chez 35 % des patients. De nombreuses autres stratégies et molécules font aussi l’objet d’expertise, telles l’immunothérapie vaccinale (vaccins utilisant l’idiotype de la protéine monoclonale, d’autres antigènes associés à la tumeur ou vaccins ADN, immunothérapie utilisant des cellules dendritiques), le trioxyde d’arsenic, l’inhibition du système IGF‐1\IGF‐1R, les inhibiteurs de l’histone déacétylase et Hsp90, et les oligonucléotides antisens anti‐bcl‐2.