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Hématologie

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Hétérogénéité génétique et allélique des hémochromatoses héréditaires Volume 10, numéro 1, Janvier-Février 2004

Auteurs
Etablissement français du sang, Bretagne Université de Bretagne occidentale Association de transfusion sanguine et de biogénétique Gaëtan Saleun Equipe Inserm 613, 46, rue Félix Le Dantec, 29200 Brest France

Les hémochromatoses héréditaires, ou surcharges en fer primaires, désignent des maladies innées du métabolisme du fer. La forme principale, l‘hémochromatose héréditaire de type I, est aujourd‘hui reconnue comme étant la maladie héréditaire la plus fréquente chez les descendants des populations du Nord‐Ouest de l‘Europe (prévalence comprise entre 3 et 8 pour 1000). Cette maladie génétique est caractérisée par une hyperabsorption intestinale du fer qui conduit à une surcharge progressive des cellules parenchymateuses de plusieurs organes majeurs, principalement le foie, le cœur et le pancréas. Elle est transmise selon le mode autosomal récessif et majoritairement associée à la mutation C282Y du gène HFE. En l‘absence du génotype C282Y homozygote, une part importante des malades sont C282Y\H63D hétérozygotes composites. Il convient cependant de souligner que ce second génotype est classiquement associé à des surcharges en fer modérées et que la mutation H63D est généralement associée à un facteur de risque. Depuis 1997, différentes équipes internationales se sont intéressées à l‘origine génétique des surcharges en fer observées chez des malades qui présentaient au moins un chromosome exempt des mutations C282Y et H63D. Les études réalisées à partir de ce groupe de malades ont permis de prendre conscience de l‘importante hétérogénéité allélique et génétique des surcharges en fer primaires. On compte aujourd‘hui 17 nouvelles mutations rares ou privées sur le gène HFE et cinq nouvelles formes de surcharges en fer héréditaires. Dans l‘attente d‘une nomenclature officielle, elles sont qualifiées « d‘hémochromatoses héréditaires de type IIA, IIB, III, IV et V » et sont respectivement associées aux gènes qui codent l‘hémojuvéline, l‘hepcidine, un second récepteur de la transferrine, la ferroportine 1 et la sous‐unité H de la ferritine. L‘objectif de cette revue est de proposer un bilan des bases moléculaires des hémochromatoses héréditaires en introduisant des notions nouvelles, celle de digénisme et celle de gènes modificateurs. L‘existence de gènes modificateurs étant abordé dans le contexte de la pénétrance du génotype C282Y homozygote.