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Hématologie

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Plasticité des cellules souches adultes Volume 9, numéro 2, Mars 2003

Auteur
Unité de Thérapie cellulaire et Inserm U362, Institut Gustave‐Roussy, Villejuif, France.

Au cours des dernières années, les données expérimentales obtenues dans le système murin ont bouleversé nos concepts classiques de cellules souches adultes. Ces dernières, définies classiquement par leur capacité d‘autorenouvellement et de différenciation au sein de certains tissus de la vie post‐natale, semblaient être essentiellement spécifiques des tissus dans lesquels elles résident. Ces notions ont été défiées par des expériences de greffe montrant que certains tissus, notamment la moelle osseuse, pouvait générer chez l‘animal létalement irradiée, non seulement des cellules hématopoïétiques mais aussi des cellules musculaires, hépatiques et même neuronales. Ce phénomène désigné par le terme de « plasticité » a fait évoquer l‘hypothèse de la persistance de cellules « souches » primitives totipotentes dans les tissus adultes tandis que l‘hypothèse de la « transdifférenciation » d‘une cellule déjà engagée dans la différenciation paraît peu probable, malgré la documentation des phénomènes de transdifférenciation essentiellement in vitro. Le phénotype de cellules à l‘origine de cette activité « souche » est actuellement le sujet de nombreuses investigations et de controverses. Si plusieurs expériences de greffe de moelle totale ont confirmé le caractère fonctionnel des cellules générées, les conditions de greffe unicellulaires, seules valables pour évaluer la pluripotentialité des cellules greffées ont donné des résultats contradictoires. De même, l‘hypothèse de l‘appartenance des cellules à l‘origine de ce phénomène de « plasticité » à une population de cellules mésodermales décrites sous le terme de multipotent adult progenitor cell (MAPC) reste à évaluer. La découverte de ces dernières représente une avancée majeure car isolées in vitro à partir de tissus adultes, elles expriment certaines caractéristiques de cellules souches embryonnaires et leur totipotentialité est démontrée, notamment vers la différenciation hématopoïétique. Sur le plan fondamental, la découverte du phénomène de « plasticité » des cellules souches, qu‘elle soit due à une programmation de certaines cellules souches adultes ou à la persistance, à l‘âge adulte, de certaines populations cellulaires embryonnaires, représente un bouleversement de certains dogmes, notamment sur le plan de la biologie des cellules souches et du développement en général. Sur le plan de la recherche appliquée, ces résultats pourraient représenter une ouverture thérapeutique majeure pour plusieurs types d‘affections intéressant quasiment tous les domaines de la médecine. De nombreuses études in vitro et in vivo seront cependant nécessaires pour déterminer si ces observations pourront conduire à des approches de thérapie cellulaire chez l‘homme.