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Hématologie

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Le double mécanisme pathogénique de l'hémoglobinurie paroxystique nocturne Volume 3, numéro 1, Janvier - Février 1997

Auteurs
INSERM U. 129, CHU Cochin-Port-Royal, Paris.

L'hémoglobinurie paroxystique nocturne (HPN) est une maladie du sang acquise, dont les caractères très spécifiques ont posé question aux hématologistes pendant plus d'un siècle. Les cellules HPN sont dépourvues d'un ensemble de protéines de membrane, dont le caractère commun est un ancrage glycolipidique. Cette combinatoire de déficits sera désignée comme anomalie HPN ou phénotype HPN. Des études biochimiques ont récemment permis de localiser le blocage métabolique des cellules HPN à une étape précoce de la biosynthèse de l'ancre glycolipidique. Ce blocage est dû au départ à l'absence d'une protéine, appelée PIG-A, codée par un gène lié à l'X. Après que le gène PIG-A ait été localisé par clonage d'expression, on a identifié, chez des sujets présentant une hémoglobinurie paroxystique nocturne, des mutations somatiques de ce gène inactivant ou entravant la fonction de la protéine PIG-A. Ces données expliquent totalement la base moléculaire de l'anomalie HPN, mais n'expliquent pas le fait que le clone HPN, qui est biochimiquement défectueux, se développe jusqu'à contribuer de façon substantielle à l'hématopoïèse des malades. Un autre facteur est donc nécessaire pour rendre compte du mécanisme de pathogenèse. Cet autre facteur pourrait être la coexistence d'un élément d'aplasie médullaire qui, de façon paradoxale, se traduit par un avantage sélectif de survie pour le clone HPN. À l'appui de cette notion que le défaut responsable d'une aplasie des cellules normales épargnerait sélectivement les cellules présentant un phénotype HPN, on peut apporter différentes observations ; et en particulier l'observation, chez des malades présentant une hémoglobinurie paroxystique nocturne, de clones multiples et indépendants l'un de l'autre.