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Hématologie

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Les translocations chromosomiques des hémopathies lymphoïdes, rançons d'une transposition survenue il y a plusieurs centaines de millions d'années... Volume 4, numéro 4, Juillet-Août 1998

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  • Page(s) : 265-6
  • Année de parution : 1998

Lorsque dans les années 90, David Schatz, Marjorie Oettinger et David Baltimore annoncèrent avoir cloné par complémentation l'information génétique suffisante pour conférer à un fibroblaste la capacité d'effectuer une recombinaison typique de celle survenant dans les cellules lymphoïdes, le résultat avait surpris (Schatz et al., Cell 1989 ; 59 : 1035 ; Oettinger et al., Science, 1990 ; 248 : 1517). Les caractéristiques de cette recombinaison, dite V(D)J, étaient alors bien établies et peu d'éléments descriptifs nouveaux ont été précisés depuis : elle survient dans les cellules lymphoïdes (essentiellement dans les organes lymphoïdes primaires), ne concerne, à l'état normal, que les gènes des immunoglobulines (IG) et des récepteurs des cellules T pour l'antigène (TCR), et est ciblée par des séquences dites RSS (Recognition Signal Sequences) qui sont localisées très précisément au voisinage des segments V (variable), D (diversité) et J (jonction) impliqués par la recombinaison. Au cours du réarrangement, les RSS sont en règle générale excisées et ligaturées dans un ADN circulaire alors que les segments V, D et J sont ligaturés au sein du chromosome constituant un gène fonctionnel (pour une revue, Sigaux : Med Sci 1994 ; 10 : 995). Il apparaissait fort peu probable qu'un gène unique puisse être responsable de la spécificité de cette recombinaison et la démarche consistant à vouloir cloner un tel gène semblait vouée à l'échec. L'examen du clone génomique obtenu par le groupe de D. Baltimore donna un début de réponse : il ne s'agissait pas d'un seul, mais de deux gènes sans intron, RAG1 (Recombination Activating Gene 1) et RAG2 situés à quelque milliers de nucléotides l'un de l'autre. Dès cette époque, la possibilité qu'ils puissent être hérités d'organismes distants des vertébrés, fut évoquée. Il a fallu attendre huit années pour que les groupes de D. Schatz et de M. Gellert élucident cette question : RAG1 et RAG2 ne pouvaient être que des gènes capables (dans certaines circonstances) d'une activité de transposition et avoir eux-mêmes colonisé le génome des vertébrés au sein d'un transposon (Hiom et al., Cell 1998 ; 94 : 463 ; Agrawal et al., Nature 1998 ; 394 : 744).