JLE

Médecine

MENU

Sucre et obésité Volume 9, numéro 3, Mars 2013

Auteur

Une nouvelle méta-analyse des essais randomisés et études de cohorte prospectives sur ce sujet montre que le sucre alimentaire est un facteur déterminant du poids .

Les auteurs néo-zélandais [1] ont retenu 30 essais randomisés et 38 études de cohorte (sur près de 20 000 articles…) selon les méthodes spécifiées par la Cochrane Collaboration et le groupe GRADE rapportant la consommation de sucre et d’aliments ou boissons sucrées et au moins une mesure de la masse grasse. Les essais d’amaigrissement ou comportant des interventions médicales ou des modifications de style de vie étaient exclus. Chez les adultes ayant une alimentation sans contrôle strict, la réduction des apports de sucre était associée à une diminution du poids corporel (0,80 kg ; 0,39 à 1,21 ; P < 0,001) et inversement, l’augmentation de ces apports à une augmentation de poids du même ordre (0,75 kg, 0,30 à 1,19, p = 0,001). Le remplacement des sucres alimentaires usuels par d’autres glucides ne modifiait pas le poids (0,04 kg ; – 0,04 à 0,13) : il semble que c’est l’apport énergétique qui entre en jeu et non la nature du sucre. Les faits sont moins probants chez les enfants (faible compliance aux conseils diététiques ?) mais dans les cohortes suivies plus d’un an, la proportion d’enfants en surpoids ou obèses était plus importante dans les groupes consommant plus de sucre par rapport à ceux qui en consommaient le moins (ratio 1,55 ; 1,32 à 1,82). Le nutritionniste et le pédiatre américains qui commentent ces données [2] soulignent que la méta-analyse concerne le sucre « blanc » (raffiné) et non les sucres « naturels » consommés par exemple sous forme de fruits entiers, peut-être du fait de leur index glycémique relativement bas et de la quantité des fibres ingérées. Ils rappellent que les restrictions proposées pour limiter la montée de l’obésité infantile concernent la société tout entière, et pas seulement les médecins. Une étude transversale australienne portant sur plus de 4 000 enfants conforte ces données [3] : 62 % consommaient couramment des boissons sucrées, notamment les plus âgés et ceux qui avaient un faible statut socio-économique ; cette consommation était associée à un plus grand risque d’obésité et, par ailleurs, allait de pair avec une alimentation plus salée.

1. Te Morenga L, Mallard S, Mann J. Dietary sugars and body weight: systematic review and meta-analyses of randomised controlled trials and cohort studies. BMJ 2012 ;345:e7492.
2. Willett W, Ludwig DS. Science souring on sugar. Accumulating evidence points towards a role for sugar and other refined carbohydrates in the development of overweight. BMJ 2013 ;346:e8077.
3. Grimes CA, Riddell LJ, Campbell KJ, Nowson CA. Dietary Salt Intake, Sugar-Sweetened Beverage Consumption, and Obesity Risk. Pediatrics. 2013 ;131:14–21.

Que retenir pour notre pratique ?
• La prévention de l’obésité chez l’enfant porte sur les deux paramètres que sont le sel et le sucre, après sans doute ce qui est mode de vie : moins d’«écrans » en tous genres, plus d’activité physique, etc. Les changements peuvent être difficiles…
• Chez l’adulte, le rôle de l’alcool, du tabac et de la sédentarité s’ajoute à celui du sucre…

Mots clés : Cholestérol alimentaire ; Dyslipidémies ; Facteurs de risque [Cholesterol, dietary ; Dyslipidemias ; Risk Factors]