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Recommandations sanitaires pour les voyageurs : des points à ne pas oublier Volume 1, numéro 2, Novembre 2005

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  • Page(s) : 54
  • Année de parution : 2005

(BEH 2005;24-25:118-25)

Les Français font 16 millions de séjours dans un pays étranger chaque année, dont la moitié vers les pays tropicaux. C'est dire l'utilité des recommandations sanitaires à ces voyageurs, disponibles sur le site du ministère de la Santé et du ministère des Affaires étrangères, diffusées chaque année par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire.

Parmi les points à retenir figurent bien sûr les vaccinations. Celles-ci doivent être mises à jour quelle que soit la destination, notamment pour ce qui concerne le tétanos, la poliomyélite et la diphtérie (à dose réduite d'anatoxine diphtérique).

En fonction de la situation épidémiologique de la zone visitée, figure la vaccination contre la fièvre jaune (en centre agréé) ; elle est indispensable pour tout séjour dans une zone intertropicale d'Afrique ou d'Amérique du Sud même en l'absence d'obligation administrative ; exigible à partir de 1 an, elle est possible dès l'âge de 6 mois ; elle est déconseillée pendant toute la durée de la grossesse mais faisable si le séjour ou le voyage dans une zone d'endémie ne peut être reporté, en raison de la létalité élevée de la maladie ; elle est contre-indiquée dès qu'existe un état d'immunodépression, dont l'infection par le VIH. La vaccination contre l'encéphalite japonaise (dans les centres agréés) concerne les séjours en zone à risque et en saison de transmission, du Pakistan à l'ouest aux Philippines à l'est. La vaccination contre l'encéphalite à tiques est nécessaire pour les séjours en zone rurale (ou les randonnées en forêt) en Europe centrale, orientale et du Nord, au printemps ou en été. La vaccination contre les infections invasives à méningocoques est recommandée pour les enfants de plus de 2 ans et les jeunes adultes se rendant dans une zone où sévit une épidémie, pour les personnes quel que soit leur âge se rendant dans cette zone afin d'y exercer une activité dans le secteur de la santé ou auprès des réfugiés, pour les personnes se rendant dans une zone d'endémie au moment de la saison de transmission, dans une condition de contact étroit et prolongé avec la population locale.

En fonction des conditions et de la durée du séjour, la vaccination contre l'hépatite A est recommandée pour tout type de séjour dans un pays où l'hygiène est précaire, particulièrement chez un voyageur ayant une maladie hépatique chronique ; un examen sérologique préalable (recherche d'IgG) a un intérêt pour les personnes ayant des antécédents d'ictère ou ayant vécu en zone d'endémie ou nées avant 1945. En dehors des recommandations du calendrier vaccinal (enfants, professions de santé et/ou conduites à risque), la vaccination contre l'hépatite B est recommandée pour des séjours fréquents ou prolongés dans les pays à forte prévalence. La vaccination préventive contre la rage à l'occasion d'un séjour prolongé ou aventureux et en situation d'isolement dans un pays à haut risque (surtout en Asie et notamment en Inde) ne dispense pas d'un traitement curatif qui doit être mis en œuvre le plus tôt possible en cas d'exposition avérée ou suspectée. La prescription du vaccin anticholérique (nouveau vaccin administré per os disponible dans les centres de vaccinations internationales) n'est pas justifiée habituellement pour les voyageurs chez lesquels le respect des mesures d'hygiène (hygiène alimentaire, lavage des mains) reste la meilleure des préventions.

Des modifications sont intervenues cette année concernant la prévention du paludisme pour sept pays côtiers d'Afrique de l'Ouest (Sénégal, Gambie, Guinée Bissau, Guinée, Sierra Leone, Libéria, Côte d'Ivoire) qui passent en zone 3 par suite d'une augmentation des chimiorésistances de plasmodium falciparum à la chloroquine et au proguanil. Les recommandations insistent sur plusieurs points dont la nécessité d'une protection contre les piqûres de moustiques (port le soir de vêtements longs imprégnés de pyréthrinoïdes ou de répulsifs, utilisation d'insecticides dans les chambres, de moustiquaires imprégnées de pyréthrinoïdes, de répulsifs (insectifuges ou repellents) sur les parties découvertes du corps). Cette protection doit être associée à une chimioprophylaxie en sachant que, même si celle-ci a été bien prise et adaptée, il est possible de développer un paludisme, parfois atypique ou d'apparition tardive. Toute pathologie fébrile au retour des tropiques doit être considérée a priori comme pouvant être d'origine palustre. Il est rappelé que la chimioprophylaxie doit être poursuivie 4 semaines après le retour de la zone d'endémie pour la chloroquine, l'association chloroquine-proguanil et la doxycycline, 3 semaines après pour la méfloquine, 7 jours après pour l'association atovaquone-proguanil.

Les personnes atteintes d'une des maladies suivantes : diabète, glaucome, épilepsie, maladie psychiatrique, asthme, insuffisance respiratoire... ou ayant eu une greffe d'organe doivent recueillir un avis médical autorisé avant le départ. Un voyageur âgé en bonne santé n'est guère plus à risque qu'un autre voyageur.