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Quel est l'impact des comportements sur la mortalité ? Volume 4, numéro 5, Mai 2008

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Les auteurs (anglais) ont suivi prospectivement la cohorte de Norfolk plus de 10 ans dans le cadre plus général de l'étude européenne EPIC.

Cette cohorte a inclus, de 1993 à 1997, 20 244 hommes et femmes de 45 à 79 ans sans maladie cardiovasculaire connue ou cancer. Ils ont été suivis jusqu'en 2006 (en moyenne 11 ans). Il était attribué à chacun un point (score maximum 4) pour les comportements suivants : actuellement non-fumeur, non-sédentaire, buveur modéré (1 à 14 unités d'alcool par semaine), et consommateur d'au moins cinq portions de fruits et légumes par jour (consommation attestée par une vitaminémie C > 50 mmol/L). En fin d'étude, 1 987 décès avaient été enregistrés. Les risques relatifs de mortalité toutes causes, ajustés selon l'âge, le sexe, l'indice de masse corporelle et la catégorie socioprofessionnelle (classement simplifié en manuels et nonmanuels), étaient par rapport aux sujets ayant un score maximum de 4 de 1,39 (1,21-1,60) pour le score 3, 1,95 1,70-2,25) pour le score 2, 2,52 (2,13-3,00) pour le score 1 et 4,04 (2,95-5,54) pour le score 0 (p < 0,001). On retrouvait les mêmes chiffres dans chacun des sous-groupes (par exemple : moins de 65 ans, plus de 65, hommes, femmes, etc.) après exclusion des décès des 2 premières années. Les tendances les plus marquées concernaient les causes cardiovasculaires : le risque de décès en cas de score 0 était multiplié par plus de 5 par rapport au score 4. Les mêmes tendances étaient également retrouvées chez les 2 057 patients décédés exclus de l'étude principale du fait de maladies chroniques préexistantes (maladie cardiovasculaire, AVC ou cancer). Le risque de mortalité pour les sujets ayant un score de 4 par rapport à ceux qui avaient un score de 0 correspondait à un "gain" d'âge civil de 14 ans.

Khaw KT, Wareham N, Bingham S, Welch A, Luben R, Day N. Combined impact of health behaviours and mortality in men and women: the EPICNorfolk Prospective Population study. PLoS Med. 2008;5(1):e12. doi:10.1371/journal.pmed.0050012.


Les questions que se pose la rédaction
* Il a été largement démontré que les modifications d'un style de vie "défectueux" contribuent à l'amélioration de l'état de santé de malades dans de nombreuses pathologies. Cette étude a l'intérêt d'apporter des données en population générale, chez des gens "bien portants", sur un critère d'évaluation "dur", puisqu'il s'agit de mortalité.
* La définition que les auteurs ont utilisée pour le critère de "non-sédentarité" a le mérite de la simplicité : elle dit simplement que les sédentaires ont moins de 30 minutes d'activité physique (professionnelle ou récréationnelle) par jour. Ne soyons pas plus exigeants pour nos patients !
* Que les tendances soient les mêmes dans tous les sousgroupes de l'étude principale, et se retrouvent aussi chez les "malades" exclus au début n'est pas moins intéressant.
* Voilà une piste de réflexion plus que prometteuse en termes de prévention, primaire et secondaire !