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Que pensent les femmes du risque de surdiagnostic de cancer du sein ? Volume 9, numéro 4, Avril 2013

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Cette information « contre-intuitive » est encore trop surprenante pour modifier leur compréhension – et leur décision – de dépistage.

Les 50 participantes de l’étude qualitative australienne, âgées de 40 à 79 ans, ont débattu en 8 groupes (Focus Group). De niveaux socioculturels variés, elles n’avaient pas d’antécédents personnels de cancer du sein et participaient ou non au programme de dépistage (50-69 ans en Australie : 3/4 étaient dans cette tranche d’âge). Le débat commençait par une explication du surdiagnostic, avec les 3 types d’estimations publiées (1 à 10 %, 30 %, 50 %) et les gains de mortalité attendus. Les participantes, peu sensibilisées au risque de surdiagnostic avant ces réunions, étaient en général surprises, mais la plupart ont compris la problématique. Pour l’estimation la plus élevée (50 %), certaines déclaraient devoir réfléchir avant de prendre la décision de se faire dépister. En revanche, dans les 2 autres cas (1-10 % et 30 %), la plupart préféraient courir ce risque. Pour quelques-unes, ce n’était pas tant le dépistage lui-même qui posait question, mais le choix thérapeutique en cas de dépistage positif (traiter ou attendre sous surveillance ?). Les préférences sur le niveau d’information souhaitée variaient : de nombreuses femmes estimaient qu’il était important de prendre en compte le surdiagnostic pour faire un choix éclairé, mais beaucoup voulaient surtout qu’on les incite à se faire dépister.

Hersch J, Jansen J, Barratt A, Irwig L, Houssami N, Howard K. Women’s views on overdiagnosis in breast cancer screening: a qualitative study. BMJ. 2013;346:f158.

Que retenir pour la pratique ?
• La première remarque est que la crainte du cancer et la quasi-certitude du bien-fondé d’une démarche en permettant le diagnostic le plus tôt possible est plus que dominante. Mais elle n’est sans doute que le reflet des convictions médicales du moment, telles qu’elles ressortent de tous les messages à visée grand public…
• Dans cette étude, des femmes de différents âges et milieux socioculturels sont d’abord surprises, puis comprennent l’importance du surdiagnostic dans le dépistage par mammographie ; bonne raison pour délivrer une information claire, même si elle est apparemment complexe.
• Le but n’est pas de prendre parti pour ou contre le dépistage, mais d’informer correctement sur les incertitudes qu’il comporte. Que cette approche soit totalement nouvelle et difficile n’excuse pas des campagnes de promotion qui relèvent de la propagande plus que de l’information.

Mots clés : Dépistage systématique ; Détection précoce de cancer ; Prise de décision ; Tumeurs du sein [Breast Neoplasms; Decision Making; Early Detection of Cancer; Mass screening]