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Ni la DHEA, ni la testostérone n'apportent le « bain de jouvence » tant espéré ! Volume 2, numéro 10, Décembre 2006

Auteurs

Cet essai randomisé en double aveugle contre placebo a duré 2 ans. Il a inclus 152 femmes et hommes (âge moyen 70 ans) ayant de faibles taux soit de DHEA soit de DHEA et testostérone. Parmi les 88 hommes, 30 ont reçu de la DHEA (75 mg/j), 30 de la testostérone (patch transdermique de 5 mg/j), 32 du placebo ; 30 femmes ont reçu de la DHEA, 30 du placebo. Il y a eu 7 perdus de vue. L'essai a été conduit indépendamment de tout support de l'industrie du médicament.

À 24 mois, il n'y avait aucun bénéfice significatif de l'un des traitements, ni chez les hommes, ni chez les femmes, qu'il s'agisse d'effets bénéfiques sur les performances physiques, le volume maximum d'oxygène consommé par minute, la sensibilité à l'insuline ou la qualité de vie. Il n'y a pas eu non plus d'effets adverses. Les hommes qui ont reçu de la testostérone ont légèrement augmenté leur masse graisseuse. Ceux qui avaient reçu de la DHEA ont augmenté légèrement mais significativement leur densitométrie osseuse au col fémoral, les femmes celle de l'extrémité du radius, mais dans les deux cas sans augmentation en d'autres sites, ce qui laisse supposer qu'on ne peut en espérer un quelconque effet thérapeutique en cas d'ostéoporose.

 


Nair S, Rizza RA, O,Brien P, Dhatariya K, Short K, Nehra A, et al. DHEA in elderly women and DHEA or testosterone in elderly men. N Eng J Med. 2006;355:1647-59.

Stewart PM. Ageing and fountain od youth hormones. N Eng J Med. 2006;355:1724-6.

 

Les questions que se pose la rédaction

* Comme le souligne Stewart, dans l'éditorial qui accompagne cet essai, les études observationnelles ont fréquemment associé les « petits soucis de l'âge » et la chute relative des hormones, notamment sexuelles. Mais association n'est pas causalité...

* Les résultats de cette étude vont dans le sens de beaucoup d'autres, y compris l'étude française DHEAge... Aucune n'a pu montrer que la DHEA pouvait avoir un effet significatif ni sur le risque fracturaire, ni sur la qualité de vie. Quant à la « menace de l'andropause », elle n'apparaît pas non plus ici, ni dans la réalité clinique, ni dans l'effet de ces traitements hormonaux...

* Il n'empêche que «DHEA » fait l'objet de plus de 5 millions de références dans Google, et d'un marché faramineux dont on ne sait pas toujours ce que les produits vendus sous cette appellation contiennent réellement, ce qui n'a sans doute que peu d'importance s'ils sont réellement inoffensifs ! S'il existe bien des « maladies construites », celles de ces soi-disant carences en sont un bel exemple !