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L’ECG, marqueur de risque chez la personne âgée ? Volume 8, numéro 7, Septembre 2012

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  • Page(s) : 298
  • Année de parution : 2012

L’ECG, marqueur de risque chez la personne âgée ?

Dans une cohorte de personnes âgées de 70 à 79 ans, le suivi à 8 ans montre que des anomalies de l’ECG sont associées à un risque accru d’évènements cardiovasculaires.

Les auteurs ont inclus tirés au sort parmi 3075 patients âgés vivant à  domicile de la Health, Aging, and Body Composition Study (Pennsylvanie et Tennessee), après exclusion de ceux qui avaient des antécédents cardiaques, 2192 américains de 73,5 ans d'âge moyen (55 % de femmes, 41 % de noirs) [1]. À l'ECG standard de début d'étude, 506 (23 %) avaient des anomalies majeures de l'ECG, 276 (13 %) des mineures. Au cours des 8 annéees, il y a eu 351 événements cardiovasculaires (96 décès de cause cardiaque sur les 602 décès, 101 infarctus, 154 hospitalisation pour angor ou revascularisations coronaires). Les anomalies majeures et mineures à l'ECG du début étaient associées à un risque coronarien accru après ajustement pour les facteurs de risque traditionnels (Hazard Ratio HR respectivement 1,51;1,20-1,90 et 1,35;1,02-1,81), mais intégrer ces anomalies au modèle de calcul de risque cardiovasculaire nel’améliorait que de moins de 1 % par rapport au modèle basé sur les facteurs de risque traditionnels seuls. Un deuxième ECG, fait à 4 ans, montrait que 208 participants avaient des anomalies non identifiées au début et 416 des anomalies persistantes. Le risque de maladie coronarienne ultérieure était alors respectivement HR 2,01 ; 1,33-3,02 et HR 1,66 ; 1,18-2,34. Intégrer cette donnée au score de risque de Framingham n’améliorait pas le calcul du risque cardiovasculaire.
L’éditorial qui accompagne cette publication [2] rappelle que le dépistage systématique ou l'évaluation des risques par ECG de repos chez des patients asymptomatiques est déconseillé par différents groupes d’experts ou agences : USPreventive Task Force, American College of Cardiology Foundation, American Heart Association (sauf peut-être dans certains groupes à risque élevé),Consumer Reports... En l'absence de preuve de bénéfice pour le patient et de données sur les coûts induits, le meilleur conseil est de ne pas faire d'ECG chez les patients asymptomatiques, indépendamment de l'âge. L'auetur préconise cependant des études de coût/efficacité sur ce sujet.

1. Auer R, Bauer DC, Marques-Vidal P et al. for the Health ABC Study. Association of Major and Minor ECG Abnormalities With Coronary Heart Disease Events. JAMA. 2012;307:1497-1505.
2.Greenland P Should the Resting Electro-cardiogram Be Ordered as a Routine Risk Assessment Test in Healthy Asymptomatic Adults? JAMA. 2012;307:1530-1.

Que retenir pour votre pratique ?
• Le calcul du risque cardiovasculaire reste la base de nombreuses décisions thérapeutiques, notamment préventives. L’examen clinique et l’anamnèse en res- tent les 2 clés.
•L ’ECG n’apporte rien de plus... Donc, pas d’ECG « de principe » chez un patient asymptomatique, y compris âgé (cf. la note de lecture sur la recommandation de l’USPSTF dans Médecine de février der- nier).