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Le frottis du col est il utile avant 25 ans ? Volume 5, numéro 9, Novembre 2009

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Une étude cas-contrôle anglaise a stratifié les résultats du frottis selon l’âge en termes de prévention du cancer du col de l’utérus : il apparaît efficace entre 35 et 64 ans, moins entre 25 et 34 et sans intérêt entre 20 et 24 ans…

L’étude a porté sur 4 012 cas de cancer invasif du col de l’utérus diagnostiqués entre 1990 et 2008 au Royaume-Uni, appariés à 7 889 contrôles, d’âge et zone géographique similaires. Le risque (Odds Ratio) d’avoir un cancer dans les 3 à 5 ans suivants était réduit de 64 à 82 % chez les femmes dépistées dans la tranche d’âge située entre 40-42 ans et 62-64 ans par rapport aux femmes non dépistées. Cette réduction était substantiellement moindre entre 30 et 37 ans, de 43 à 60 % par rapport aux femmes non dépistées. Surtout, bien qu’il y ait parmi les femmes atteintes de cancers invasifs plus de 350 femmes âgées de 25 à 29 ans, le dépistage ne montrait pas de réduction du risque chez les femmes ayant eu un frottis entre 22 et 24 ans, comparativement à celles qui n’en avaient pas eu entre 20 et 24 ans (OR 1,11 ; 0,83-1,50). L’éditorial qui accompagne l’étude rappelle que la sensibilité du frottis est faible chez les jeunes femmes, aux environs de 50%, et qu’il détecte un grand nombre de lésions qui régresseront spontanément. La question de « l’âge » et des objectifs du premier frottis est donc clairement posée : le but est de mettre en évidence les lésions évolutives qu’il faut traiter agressivement pour éviter de mettre inutilement en danger la fertilité ultérieure. Faisant référence à une autre étude publiée dans le même BMJ, Ronco et al. prennent position en faveur du typage HPV avant 25 ans en cas de lésion cytologique : plus sensible mais moins spécifique que le frottis, il permet de mettre en évidence la persistance d’une infection HPV 16 ou 18 qui, au-delà de 1 an, est marqueur de risque de lésion ultérieure de haut grade, donc outil décisionnel puissant pour intervenir plus agressivement si nécessaire.

Sasieni P, Castanon A, Cuzick J. Effectiveness of cervical screening with age: population based case-control study and prospectively recorded data. BMJ. 2009;339:b2968. Ronco G, Arbyn M, Segnan N. Cervical screening under age 25 has very low effectiveness; after that HPV genotyping helps to stratify risk.

Les questions que se pose la rédaction
• La faible incidence du cancer du col de l’utérus chez les femmes jeunes et l’inefficacité du frottis avant 25 ans sont deux notions connues et utiles à rappeler. En tout cas, il n’est jamais urgent de débuter les frottis au moment de la mise en route de la contraception (problème de soin primaire)…
• Ronco et al. posent la seule vraie question : puisque le frottis est inefficace avant 25 ans pour décider de la conduite à tenir, faut-il lui associer systématiquement un typage HPV en cas de lésion (problème de soin secondaire) ? L’essentiel est bien de distinguer parmi les lésions dépistées les lésions « à risque » pour éviter les sur-diagnostics et sur-traitements.
• On voit, derrière ces réflexions, pointer la question de la vaccination HPV… Du résultat initial – inutile de faire de frottis avant 25 ans – on peut aller très loin.

Mots clés : cancer, col de l’utérus, frottis