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La fraude scientifique est-elle si fréquente ? Volume 5, numéro 7, Septembre 2009

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Une méta-analyse britannique des revues générales antérieures sur ce sujet suggère qu’elle est largement sous-estimée…

Qu’appelle-t-on « fraude » ? Les définitions varient selon les institutions, mais toutes considèrent comme formes graves de fraude la fabrication (invention de données ou de cas), la falsification (distorsion des données ou résultats) et le plagiat (copie d’idées, de données ou de textes non référés à leur auteur). La méta-analyse a exclu ce qui concernait le plagiat et autres formes d’inconduite professionnelle pour ne s’intéresser qu’aux deux premières dans 21 revues générales, dont 18 ont été incluses. Certaines interrogeaient les auteurs des études : environ 2 % des scientifiques interrogés ont admis avoir fabriqué, falsifié ou modifié leurs données ou résultats au moins une fois, plus d’un tiers admis d’autres pratiques douteuses – modifications du protocole, de la méthodologie, des résultats, etc. – pour répondre aux pressions des financeurs de l’étude. D’autres interrogeaient des collègues des auteurs : plus de 14 % estimaient qu’il y avait fraude, plus de 72 % d’autres pratiques condamnables… Tous les ans, le taux de fraude admis diminue dans les auto-déclarations, mais pas dans celles qui viennent de collègues… L’auteur conclut avec philosophie que la fréquence de l’inconduite scientifique est probablement plus grande que l’on ne pense.

Fanelli D. How Many Scientists Fabricate and Falsify Research? A Systematic Review and Meta-Analysis of Survey Data. PLoS ONE. 2009;4(5):e5738.

Les questions que se pose la rédaction

• L’existence de telles fraudes ne peut que nous inciter à la lecture « critique » de ce qui nous est présenté quotidiennement comme « révolutionnant » nos pratiques (cf. dans ce numéro l’éditorial de JP Boissel et la première partie de l’analyse critique d’UKPDS).
• Nous n’avons évidemment pas le temps et parfois les compétences pour analyser en profondeur tout ce qui nous est proposé : il faut bien des intermédiaires dignes de confiance pour souligner l’important. Nous espérons que Médecine est pour ses lecteurs l’un de ces intermédiaires…
• Comme le dit une humoriste de talent, « on ne nous dit pas tout » ! Raison de plus pour apprendre à lire entre les lignes.