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Médecine

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L'obscur objet du désir et le lieu caché de la santé Deuxième partie : le lieu caché de la santé Volume 7, numéro 3, Mars 2011

Auteur
Université de Rennes 1

Dans la première partie de cet article, je faisais du désir ­ et non du besoin ­ le principe premier des attentes de santé et tenais pour obscur l'objet de ce désir. C'est dans le même sens qu'il sera question, dans cette seconde partie, du lieu caché de la santé. Or le désir ne s'enracine pas seulement dans l'histoire singulière du patient, il dépend encore de ses représentations de la maladie et de la santé. Je m'arrêterai donc, dans un premier temps, sur ces représentations ou plutôt sur les utopies qui orientent, en la matière, notre horizon d'attente. J'ai évoqué, en commençant, l'utopie de la santé parfaite. Il en est cependant une autre. On est frappé en effet de l'opposition, aujourd'hui, entre deux espèces d'attentes : celle d'une médecine naturelle et atechnique à laquelle suffirait la connaissance intime, par l'individu, de son propre corps ­ chacun pouvant être dans ce cas son propre médecin ; et celle de techniques médicales toujours plus performantes au service d'un corps-machine abandonné entre les mains des spécialistes. Je supposerai que ces deux attentes, malgré leur opposition, ne sont pas sans lien entre elles, et correspondent à deux utopies concurrentes mais complices. C'est contre celles-ci que je parlerai, dans un deuxième temps, du lieu caché de la santé, et que je poserai à nouveaux frais la question de l'évaluation appliquée à la fois aux attentes du patient et à l'efficacité du traitement.