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L'enfant obèse est-il un futur coronarien ? Volume 4, numéro 6, Juin 2008

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Deux publications récentes tentent de répondre à cette inquiétante question, point-clé des questions actuelles sur la croissance mondiale de l'obésité infantile.

La première est une étude de cohorte danoise. Les données du registre national créé en 1968 ont permis d'évaluer l'indice de masse corporelle (BMI) de 276 835 enfants âgés de 7 à 13 ans (98,6 % de la population concernée). Leur état de santé à partir de 25 ans et au-delà a été analysé à partir des données du registre des hôpitaux sur une durée de 46 ans, soit 5 063 622 personnes-années. 10 235 hommes et 4 318 femmes de cette cohorte ont fait un accident coronarien mortel ou non : le risque d'accident était positivement associé au BMI, plus marqué chez les garçons, suggérant que plus les enfants « prennent de poids », plus leur risque coronarien est élevé à l'âge adulte.

La seconde a utilisé chez les adolescents américains qui auront 35 ans en 2020 un modèle informatique d'estimation de poids et de calcul du risque cardiovasculaire. La prévalence de l'obésité, selon les données des études épidémiologiques NHANES, a été évaluée à 30 à 37 % chez les hommes et 34 à 44 % chez les femmes. Les mêmes projections ont permis d'évaluer la probabilité d'augmentation des accidents coronariens entre 5 et 16 %, soit un excédent de plus de 100 000 cas attribuable au surcroît d'obésité.

1. Baker JL, Olsen LW, Sorensen TIA. Childhood body-mass index and the risk of coronary heart disease in adulthood. NEJM. 2007;357:2329-37.

2. Bibbins-Domingo K, Coxson P, Pletcher MJ, Lightwood J, Goldman L. Adolescent oveweight and future adult coronary heart desease. NEJM. 2007;357:2371-9.

Ludwig DS. Childhood obesity. The shape of things to come. NEJM. 2007;357:2325-7.

 


Les questions que se posent la rédaction

* Les deux études, avec une méthodologie différente, montrent que l'augmentation de prévalence de l'obésité infantile conduit inexorablement vers un « mur » problématique non seulement pour l'état de santé des populations, mais aussi pour les systèmes de protection sociale...

* Comme le souligne l'éditorial, il s'agit d'une chronique annoncée... La phase 1 a commencé dans les années 70, avec l'augmentation progressive du poids moyen des enfants ; la phase 2 ­ nous y sommes ­ voit l'émergence de problèmes de santé immédiats associés au surpoids : diabète de type 2 chez les adolescents, stéatoses hépatiques, problèmes orthopédiques, apnées du sommeil, etc. ; avant peu, nous en arriverons à la phase3, celle des complications graves chez les adolescents atteints ; et sans intervention efficace, à la 4 : celle des complications majeures de l'âge adulte...

* Question fondamentale : dans la lutte contre l'obésité infantile, les parents ont évidemment un rôle éducateur essentiel. Mais que peuvent-ils contre la publicité massive pour les boissons sucrées ou autres « bizarreries » à la mode, contre l'emprise de « l'écran » qui réduit toute l'activité physique naturelle à l'enfant ? Le constat ouvre une véritable boîte de Pandore...