JLE

Médecine

MENU

Harcèlement au travail : danger pour les coronaires… Volume 8, numéro 10, Décembre 2012

Auteur

Les conclusions de la méta-analyse des données individuelles de 13 études de cohorte européennes relativisent toutefois l’importance de ce risque.

Ces études (publiées ou non) ont inclus près de 200 000 participants (salariés) en Finlande, Suède, Danemark, Pays Bas, Belgique, France, et Royaume-Uni entre 1985 et 2006. Ces hommes et femmes n’avaient pas de coronaropathie à l’inclusion et avaient répondu à un questionnaire sur leurs conditions de travail : contraintes fortes et absence de contrôle sur le travail identifiaient un « harcèlement moral » important (Job Strain) par rapport à toutes autres situations, signalé par 15 % des participants. Après un suivi moyen de 7,5 ans (1,49 millions de personnes-années au total), 2358 événements coronariens (premier infarctus non fatal ou décès d’origine coronarienne) sont survenus, ce qui correspond, après ajustement pour l’âge et le sexe, à un risque de 1,23 (1,10-1,37), plus élevé dans les études publiées (1,43) que non publiées (1,16), plus élevé encore en excluant les événements coronariens survenus dans les 3 premières années de suivi (1,31 ; 1,15-1,48) et dans les 5 premières années (1,30 ; 1,13-1,50). L’association existait quels que soient le sexe, l’âge, le niveau socio-économique et le pays, et persistait après ajustement pour le statut socio-économique, le mode de vie et les facteurs de risque classiques. L’amplitude de ce risque était pour la population de 3,4 %, bien au-dessous des risques imputables aux facteurs de risque classiques, tels que le tabagisme.

1. Kivimäki M, Nyberg ST, Batty GD, Fransson EI, Heikkilä K, Alfredsson L et al., for the IPD-Work Consortium. Job strain as a risk factor for coronary heart disease: a collaborative meta-analysis of individual participant data. Lancet. 2012;380:1491-7.

Que retenir pour notre pratique ?
• Il n’est pas possible, à partir de cette méta-analyse, de conclure à un lien de causalité : comme le soulignent les auteurs, il existe trop de facteurs confondants, bien que ces études soient relativement peu hétérogènes.
• Les comparaisons d’amplitude d’effet sont riches d’enseignements : 3,4 % pour le « Job Strain » vs 36 % pour le tabagisme (étude INTERHEART), 20 % pour l’obésité abdominale et 12 % pour l’inactivité physique…

Mots clés : Comportement social ; Maladies cardiovasculaires ; Stress psychologique [Cardiovascular Diseases; Social Behaviour; Stress, Psychological]