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Gastroentérites à rotavirus : nouveaux vaccins Volume 3, numéro 1, Janvier 2007

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Le rotavirus est le principal responsable des diarrhées sévères des très jeunes enfants. La primo-infection a généralement lieu avant l'âge de 3 ans, le premier pic de formes sévères se produisant avant 4 mois, les réinfections suivantes étant de sévérité décroissante avec le renforcement progressif de l'immunité. Le pic saisonnier se situe en hiver, avec un risque de contagion nosocomiale de type fécal-oral. Différents sérotypes de rotavirus seraient responsables de 95% des diarrhées aiguës (on les estime à 300 000 par an chez les enfants de moins de 5 ans) et de près de 50% des gastroentérites aiguës hospitalisées. Près de 10 décès annuels leur seraient imputables. Les coûts médicaux directs sont estimés à 28 millions d'euros.

Deux vaccins sont disponibles, dont la protection couvre la période à risque d'infection grave à rotavirus, c'est-à-dire jusqu'à l'âge de 5 ans :

- Rotarix® (GlaxoSmith Kline), 2 doses par voie orale à 2 et 3 mois, monovalent, provenant d'une souche humaine de génotype G1P(8) ; efficacité : 85%.

- RotaTeq® (Sanofi Pasteur MSD) bientôt disponible, 3 doses par voie orale à 2, 3 et 4 mois, pentavalent, composé d'un virus bovin recombinant vivant ; efficacité : 95%.


Denis F. Les vaccins Rotavirus et Papillomavirus sont nouveaux et prometteurs. Antibiotiques. 2006;8:107-9.

Bergogne-Bérézin E. Gastro-entérites à rotavirus: Rotarix® premier vaccin pour la protection précoce des bébés. Antibiotiques. 2006;8:175-6.

 

Les questions que se pose la rédaction

* La première est essentielle : en l'absence de groupes à risque particulier, l'ensemble des nourrissons est concerné par ces vaccins. Faut-il tous les vacciner ? L'infection est extrêmement fréquente, mais très peu létale en France. Le vaccin serait-il « à réserver » à certaines populations pour lesquelles l'accès aux soins semble difficile ?

* L'infection à rotavirus est responsable de recours important au système de soins et d'absentéisme parental au travail. Mais si les groupes à risque sont dans la population défavorisée, le coût de la vaccination (actuellement non remboursée ; environ 140 euros pour le Rotarix®) pose problème...

* Le recul du suivi par les études cliniques est encore limité. Quelles seraient les interactions possibles entre virus et vaccin ? (variations d'incidence des divers sérotypes, variations d'épidémiologie de la maladie, etc.)

Et tant d'autres questions, comme pour tout nouveau vaccin ! Le précédent « candidat » avait été retiré du marché pour cause d'augmentation du risque d'invagination intestinale du nourrisson. Les 2 nouveaux vaccins ont été testés chacun sur plus de 60 000 nourrissons, dont la majorité avait moins de 3 mois, où le risque d'invagination est considérablement moins élevé. Il faudra une surveillance particulièrement efficace après cette mise sur le marché...

 

DOI : 10.1684/med.2007.0056