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Comportements adolescents à risque : que peut faire le médecin ? Volume 10, numéro 5, Mai 2014

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On a souvent fait état de l’efficacité de l’intervention brève du médecin durant la consultation. Ce n’est hélas pas toujours vrai lorsqu’il s’agit d’adolescents…

L’étude randomisée a impliqué 33 médecins de famille suisses, 17 affectés au groupe « intervention » (intervention brève ajoutée aux soins habituels en consultation auprès d’adolescents), 16 au groupe contrôle (soins habituels). Tous les patients âgés de 15-24 ans consécutifs ont été inclus et, avant la consultation, complétaient un questionnaire confidentiel sur leur santé en général et leur usage d’alcool ou de cannabis ; ils ont été revus à 3, 6 et 12 mois. Le critère d’évaluation primaire était une utilisation excessive auto-déclarée d’alcool (≥ 1 épisode de « biture ») ou de cannabis (≥ 1 joint par semaine), ou les deux, dans les 30 derniers jours. À aucun des points de suivi, il n’y a de différence significative entre les patients dont les médecins étaient dans le groupe d’intervention et ceux dont les médecins étaient dans le groupe de contrôle : OR à 3 mois 0,9(0,6-1,4) ; à 6 mois 1,0 (0,6-1,6) ; et à 12 mois : 1,1 (0,7-1,8). Les différences n’étaient pas non plus significatives en limitant l’analyse aux 279 patients (sur 594 au total) qui s’étaient identifiés euxmêmes comme buveurs excessifs ou consommateurs de cannabis, ou les deux, à l’inclusion : OR 1,6 (0,9-2,8) à 3 mois ; 1,7 (0,9-3,2) à 6 mois ; 1,9 (0,9-4,0) à 12 mois. L’utilisation d’une intervention brève par des médecins de famille spécifiquement formés n’était donc pas efficace dans cette population.

Haller DM, Meynard A, Lefebvre D, Ukoumunne OC, Narring F, Broers B.Effectiveness of training family physicians to deliver a brief intervention to address excessive substance use among young patients: a cluster randomized controlled trial. CMAJ 2014. DOI:10.1503/cmaj.131301.

Que faire pour notre pratique ?
• La formation à l’intervention brève réalisée pour cet essai répond aux caractéristiques de la pédagogie d’adultes (interactivité, patients simulés, liste d’items à discuter…) en deux sessions de 2 à 3 heures à 15 jours d’intervalle.
• Résultat négatif : le médecin seul est inefficace… Mais ce n’est en rien surprenant. Reste à comprendre (et inclure dans les « acteurs ») l’importance de l’environnement et de l’entourage de l’adolescent.

Mots clés : Adolescent ; Comportement d’autoagression ; Environnement social [Adolescent; Self-Injurious Behavior; Social Environment]