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Cancer localisé de la prostate : peut-on « attendre » ? Volume 5, numéro 9, Novembre 2009

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L’équipe américaine a analysé les données d’une cohorte de 15 000 hommes chez qui venait d’être porté le diagnostic de cancer de la prostate aux stades T1 et T2 suivie pendant 10 ans (1992-2002 ; données jusque fin 2007).

Ces hommes âgés de plus de 65 ans n’ont pas eu de traitement initial par radiothérapie ou chirurgie. Chez 76 %, le score de Gleason était de 5 à 7 ; 31 % des cas avaient été diagnostiqués par dépistage. La mortalité par cancer de la prostate 10 ans après le diagnostic a été de 8 % en cas de cancer bien différencié, 9 % en cas de cancer moyennement différencié, 25 % en cas de cancer indifférencié, la mortalité liée à d’autres causes étant respectivement de 60, 57 et 56 %. La mortalité à 10 ans par cancer de la prostate chez les hommes âgés de 66 à 74 ans ayant un cancer moyennement différencié était de 60 à 74 % plus faible que dans des études antérieures, cette amélioration étant également constatée pour les cancers mal différenciés. L’utilisation de chimiothérapie (1,6 %) ou d’interventions chirurgicales majeures pour compression spinale (0,9 %) était inhabituelle… Les résultats de cette surveillance « conservatoire » 1992-2002 sont bien meilleurs que chez les patients des années 1970 et 1980, résultats dus au biais d’allongement de la phase « symptomatique » de la maladie du fait du dépistage par PSA, aux modifications de l’histoire naturelle de la maladie (migrations des stades tumoraux) et aux progrès thérapeutiques.

Lu-Yao GL, Albertsen PC, Moore DF, Shi W, Lin Y, DiPaola RS et al. Outcomes of localized prostate cancer following conservative management. JAMA. 2009;302:1202-9.

Les questions que se pose la rédaction
• Le principal intérêt de cette étude, comme le soulignent ses auteurs, est de confirmer qu’on peut « attendre » avant de recourir à un traitement agressif sans faire courir de risque particulier à ces patients. L’intérêt n’est pas négligeable chez les hommes de plus de 75 ans (10 000 dans cette cohorte).
• La grande question reste celle du dépistage. L’étude n’apporte aucune donnée nouvelle sur ce point, moins encore que les études randomisées dont nous avons fait l’analyse critique dans le précédent numéro de Médecine. Que les cancers « dépistés » améliorent le pronostic global de la maladie est d’autant plus évident qu’un certain nombre ne serait jamais devenu symptomatique... La question des conséquences du sur-diagnostic reste entière.

Mots clés : cancer, dépistage, prostate