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Cancer de la prostate : le lièvre et la tortue… Volume 6, numéro 8, Octobre 2010

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Moins, c’est mieux, disent les auteurs de cette étude de cohorte prospective de patients américains traités pour cancer de la prostate.

Ils ont proposé en 2002 à près de 5 000 patients d’une cohorte de patients traités pour cancer de la prostate un questionnaire d’évaluation clinique de comorbidités (TIBI-CaP) dans 11 domaines cotés de 0 à 3 selon la sévérité : pathologies pulmonaire, cardiaque, neurologique (dont AVC), gastro-intestinale, cancéreuse (autre que prostate), arthrose, problèmes de pieds ou de jambes, vision, audition, hypertension et diabète. Près de 3 000 patients ont été suivis en moyenne 6,2 années ; 420 sont morts, 86 de leur cancer (3 %) : ceux qui avaient un score au TIBI-Cap de plus de 12 avaient 10 fois plus de risque de mourir d’autre chose que de leur cancer que ceux qui avaient un score entre 0 et 2. Les commentateurs de l’étude rappellent que le cancer de la prostate est l’un des plus hétérogène. Nous ne savons pas actuellement lesquels seront des « lièvres » et lesquels des « tortues », sachant qu’il y a de toutes façons beaucoup de tortues (les études disponibles permettant de dire que c’est le cas de la plupart des cancers de Gleason inférieur à 6) et peu de lièvres… L’évaluation des comorbidités doit donc être l’un des éléments essentiels de la décision thérapeutique, et la surveillance active un meilleur choix qu’une intervention agressive immédiate.

1. Daskivich T, Sadetsky N, Kaplan SH, Greenfield S, Litwin MS. Severity of Comorbidity and Non- Prostate Cancer Mortality in Men With Early- Stage Prostate Cancer. Arch Intern Med. 2010;170:1396-7.
2. Ablin RJ, Sartor O, Bennett CL. Prostate Cancer: Doing Less Might Be More. Arch Intern Med. 2010;170:1397-8.

Les questions que se pose la rédaction

• Une étude de plus qui ne résout évidemment pas la problématique du dépistage. En dehors de quelques « interventionnistes » acharnés, la présence de comorbidités suffisamment invalidantes devrait sans doute décourager même toute tentation de dépistage !
• Les éditorialistes « enfoncent le clou » en signalant une étude récente (2009) sur le suivi durant 13 ans de 453 patients sous « surveillance active » de leur cancer de la prostate : le risque de mourir de ce cancer était de 1 % alors qu’il était 16 fois plus élevé pour les autres causes de décès. La controverse n’est pas près de s’éteindre…

Mots clés : cancer de la prostate, dépistage, PSA