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Alzheimer et anticholinestérases : un débat "prolongé et tortueux..." Volume 2, numéro 9, Novembre 2006

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  • Page(s) : 391
  • Année de parution : 2006

Le National Institute for Health and Clinical Excellence (NICE, équivalent britannique de notre Haute Autorité), recommandait en 2001 que les anticholinestérases (donezepil, galantamine et rivastigmine) soient évaluées chez les personnes atteintes de maladie d'Alzheimer légère à modérée : la littérature disponible en 2001 ne permettait pas de conclure sur le bénéfice réel de ces médicaments, quels que soient les indicateurs retenus.

Les auteurs de l'article soulignent que cette recommandation a eu de graves contre-effets pervers : optimisme injustifié vis-à-vis de ces médicaments, augmentation du nombre de "cliniques de la mémoire" s'intéressant plus au monitorage du déclin des patients sous médicaments qu'à la mise en œuvre de programmes de prise en charge interdisciplinaire... Les méta-analyses parues depuis 2001 ont montré de manière indiscutable que l'effet de ces médicaments était au mieux modeste, sans traduction clinique effective dans les études portant sur la qualité de vie. Les analyses coût/efficacité ont "enfoncé le clou" : en 2006, le NICE recommande de réserver les anticholinestérases aux seules formes modérées de la maladie d'Alzheimer, c'est-à-dire quand le MMS est évalué entre 10 et 20, et sous certaines conditions : ce n'est surtout pas à "traduire" comme un encouragement à traiter tous ces malades...


Pelosi AJ, McNulty SV, Jackson GA. Controversy : Role of cholinesterase inhibitors in dementia care needs rethinking. BMJ. 2006;333:491-3.

 

Les questions que se pose la rédaction

- Éditorial de controverse "à l'anglaise" : pas de cadeaux, en toute liberté... Les auteurs soulignent que la nouvelle recommandation du NICE a soulevé un tollé tant chez les spécialistes que chez les patients...

- Au-delà de la controverse elle-même se pose les vrais problèmes de fond : peut-on soutenir l'argument que même si ces médicaments sont peu efficaces, ils doivent être prescrits parce qu'ils sont notre seule possibilité thérapeutique ? Peut-on continuer à négliger les modes d'intervention non médicamenteux (maintien à domicile, petites unités locales de prise en charge, équipes interdisciplinaires, etc.) au prétexte que c'est cher et difficile ? Faut-il - et comment - dépister les formes légères ou débutantes, et pour quoi faire ? Un débat français sur tous ces points serait le bienvenu...