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Journal de Pharmacie Clinique

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Pharmaco-allergologie : place du pharmacien dans le diagnostic et le suivi des intolérances médicamenteuses Volume 21, numéro 4, Décembre 2002

Auteurs
Service pharmaceutique, Centre hospitalier Lyon-Sud, 165, chemin du Grand-Revoyet, 69495 Pierre-Bénite cedex

L'intolérance aux médicaments est responsable d'une grande morbidité et représente un coût important. Depuis 1999, le Centre hospitalier Lyon-Sud dispose d'une unité d'immunologie clinique et d'allergologie spécialisée dans l'intolérance médicamenteuse. Un partenariat s'est créé avec la pharmacie qui intervient à différents niveaux : préparation magistrale des médicaments pour leur utilisation sous forme de tests cutanés, suivi des substances actives testées et des résultats pour la mise en place d'une banque de données. Les patients ayant présenté un accident d'intolérance cutanée ou respiratoire sont hospitalisés pour l'exploration de leur réaction. L'interrogatoire et l'examen clinique servent à définir le type d'accident et la (ou les) substance(s) active(s) incriminées. La réalisation de tests cutanés permet d'affirmer (tests positifs) ou non (tests négatifs) la réaction allergique. Pour cela, la pharmacie dispense les formes injectables et prépare à partir des formes sèches deux types de solutions : 1) une solution concentrée de 1 à 5 % en substance active, utilisée pour les patchs, les pricks et l'intradermoréaction ; 2) une solution correspondant à un centième de la dose unitaire, utilisée pour la réintroduction per os du produit testé. La base de données, gérée par le logiciel Excel, permet de répertorier l'activité du service clinique et de la pharmacie. Elle comprend pour chaque test : la date de dispensation des allergènes, le nom du patient, de la spécialité médicamenteuse, le type de test réalisé, la préparation ou non par la pharmacie, ainsi que le résultat. En un an d'activité (décembre 2000 à décembre 2001), 3 113 tests incluant 273 spécialités ont été prescrits chez 376 patients : 61,5 % des tests ont été effectués à partir de préparations injectables ; les 38,5 % restants ont été préparés par la pharmacie ; 4,1 % des tests ont été positifs sur un total de 36 patients (moins de 10 %) pour lesquels le diagnostic d'allergie « vraie » (hypersensibilité) a été posé. Par conséquent, plus de 90 % des patients ont développé des réactions d'intolérance de type pseudoallergique et des tests cutanés négatifs. L'immunologie clinique est une activité en plein développement où le pharmacien hospitalier a un rôle à jouer. La mise en place de la collaboration médecins/pharmaciens et l'utilisation de la base de données a permis de : 1) confirmer le caractère rare de l'allergie vraie (hypersensibilité) à un médicament ; 2) préciser que les antibiotiques et les bêtalactamines sont le plus souvent en cause dans les accidents ; 3) suivre l'activité pharmaceutique et médicale dans le diagnostic de l'intolérance aux médicaments.