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Suicide et pathologie mentale à Tunis : étude rétrospective sur 12 ans à l’hôpital Razi Volume 85, numéro 3, mars 2009

Auteurs
Psychiatrie D, hôpital Razi, 2010 Manouba, Tunisie, Institut de médecine légale, médecine légale, Tunis, Tunisia

Le suicide est le meurtre de soi-même. Il représente un problème important de santé publique.Le but de ce travail est de dresser un profil épidémiologique des victimes et de dégager les facteurs de risque prédictifs du suicideNous avons colligé rétrospectivement 38 décès par suicide aux antécédents psychiatriques ayant consulté ou ayant été à l’hôpital Razi.Les principaux paramètres étudiés sont les caractéristiques épidémiologiques (âge, sexe, statut matrimonial, profession, le niveau socio-économique), les moyens du suicide (pendaison, noyade, ingestion médicamenteuse, prise de toxique, précipitation et immolation), les facteurs du risque (antécédents familiaux de suicide, les antécédents personnels somatiques et de tentative de suicide, la prise des toxiques, la présence d’une pathologie psychiatrique, l’âge de début de la maladie, le nombre d’épisodes d’hospitalisation, la durée moyenne de l’évolution de la maladie, l’observance thérapeutique, la prise en familiale et sociale).Le profil épidémiologie dégagé est celui d’une population jeune (36 ans, de sexe masculin (81 %), célibataire (65 %), de bas niveau socio-économique.Certains de ces caractéristiques constituent des facteurs de risque du suicide comme le chômage, le célibat, le bas niveau socio-économique.D’autres facteurs de risque sont dégagés comme la présence d’antécédents familiaux de suicide (10 %), d’antécédents personnels de pathologie somatiques (31 %) et de tentative de suicide (36 %), la prise de toxique (2O %), un nombre élevé d’épisodes d’hospitalisations : plus 5 fois dans 33 % des cas, l une durée moyenne de l’évolution de la maladie de 10 ans, une mal observance thérapeutique dans 84 % des cas et une mauvaise prise en charge familiale et sociale chez 84 % des suicides.Le moyen de suicide le plus utilisé est la pendaison (58 %).Ces mêmes facteurs de risques sont retrouvés dans la littérature mondiale, sauf pour la pathologie psychiatrique prédominante qui est la schizophrénie retrouvée chez 52 % des cas, pour les autres études c’est les troubles de l’humeur qui donnaient plus de suicide.La prévention du suicide comporte deux volets : l’amélioration de la prise en charge de nos patients en identifiant les sujets à risque et une meilleure réhabilitation psychosociale pour assurer une meilleure adhésion aux traitements et lutter conte la dépression et la stigmatisation dont souffrent les patients avec une maladie psychiatrique.