L'Information Psychiatrique
MENUPeut-on parler de libre choix dans le déterminisme cognitif des conduites suicidaires des aînés ? Volume 91, numéro 9, Novembre 2015
Illustrations
MD, PhD, McGill University, Department of Psychiatry & Douglas Mental Health University Institute, FBC building, 3rd floor, 6875 boulevard Lasalle, Montréal (Qc), H3W 2N1, Canada. McGill Group for Suicide Studies Montréal (Québec), Canada
- Mots-clés : suicide, personne âgée, fonction exécutive, inhibition, décision, mémoire, trouble cognitif
- DOI : 10.1684/ipe.2015.1399
- Page(s) : 729-39
- Année de parution : 2015
Plus qu’un acte philosophique, posé face à l’absurdité existentielle, ou qu’un acte rationnel, venant mettre un terme à une situation vitale désespérée, le comportement suicidaire pourrait aussi, avec un éclairage neurocognitif, venir témoigner de la faillite de certains mécanismes cognitifs de résolution de problèmes et d’un déficit des fonctions exécutives concomitants d’un vieillissement cérébral pathologique. Sans « biologiser » ou « cortex-tualiser » la problématique du suicide du sujet âgé, la dimension cognitive éclaire et complexifie la compréhension de la genèse d’un acte situé aux confins du libre arbitre ou d’une psychopathologie singulière. Comment l’épilogue d’une vie peut-il se résumer au meurtre de soi-même ?
Le suicide des aînés ne serait donc pas un choix, mais bien une tentative inadéquate de réponse à un environnement douloureux et indicible, changeant et effrayant, étranger ou nouveau, insurmontable et inconcevable. L’altération significative des fonctions exécutives, en particulier la prise de décision et l’inhibition cognitive, chez les personnes âgées déprimées avec des antécédents de tentative de suicide par rapport à celles sans de tels antécédents rend compte de l’impossibilité du sujet à faire face à ses contingences internes ou externes. Préalable indispensable à tout plan thérapeutique, le repérage de la propension de certaines personnes à développer une crise suicidaire face à des circonstances de vie stressantes repose en partie sur une évaluation neurocognitive.