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L'Information Psychiatrique

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Histoire de la stigmatisation des malades mentaux en Tunisie Volume 83, numéro 8, octobre 2007

Auteurs
Professeur agrégé de psychiatrie, chef de service, hôpital Razi, 2010 La Manouba, Tunisie, Tel 216.98.352.274, Assistant hospitalo-universitaire en psychiatrie, service du Professeur Mejda Cheour, Résident en psychiatrie, service du Professeur Mejda Cheour, Psychologue, service du Professeur Mejda Cheour

L’histoire de l’assistance aux malades mentaux et de leur stigmatisation s’est nourrie des croyances des premières civilisations avant de connaître un essor considérable sous l’influence arabomusulmane. Les médecins arabes, qui prônaient une médecine holistique prenant en charge le corps et la psyché, avaient d’emblée intégré les soins psychiatriques aux soins médicaux et à la vie de la cité, favorisant ainsi le mode de prise en charge communautaire. Mais avec le déclin et la chute de l’empire islamique au XI e siècle, la médecine déclina et le fait psychiatrique a été reconquis par le surnaturel et l’irrationnel. L’assistance aux malades mentaux était désormais confiée aux marabouts et aux charlatans de tous genres. Des établissements comme le Morstane El Azzafine et la Tekia ont tenté d’offrir une sorte d’assistance charitable aux aliénés. La psychiatrie moderne est née avec le Protectorat français et la construction d’un pavillon « des nerveux » à l’hôpital Charles Nicolle, puis d’un hôpital pour les maladies mentales à la Manouba. Malheureusement seuls les Européens vivant en Tunisie bénéficient de ces progrès. Les malades mentaux tunisiens vont pâtir d’une nouvelle forme de discrimination : la discrimination raciale. Ce n’est que dans les années cinquante avec la lutte pour l’indépendance que les dogmes racistes de l’ethnopsychiatrie vont s’écrouler. Depuis beaucoup de chemin a été parcouru en matière d’assistance psychiatrique aux malades mentaux. Mais la stigmatisation est encore présente, reliquat de nombreux préjugés.