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Hépato-Gastro & Oncologie Digestive

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Valeur prédictive du test d’expulsion d’un ballonnet pour exclure l’anisme en cas de constipation Volume 11, numéro 4, Juillet-Août 2004

Auteur
  • Page(s) : 317-8
  • Année de parution : 2004

Auteur(s) : Thierry Piche

Minguez M, Herreros B, Sanchiz V, Hernandez V, Almela P, Anon R, et al. Predictive value of the balloon expulsion test for excluding the diagnosis of pelvic floor dyssynergia in constipation. Gastroenterology 2004 ; 126 : 57-62. 

La constipation chronique de l’adulte est un symptôme très fréquent dont la prise en charge reste difficile. De manière schématique, la physiopathologie de la constipation fait intervenir un ralentissement du temps de transit intestinal et/ou un trouble de la statique pelvienne. La place des explorations fonctionnelles dans le diagnostic et la prise en charge de la constipation n’est pas bien codifiée. Toute la difficulté réside dans l’évaluation préthérapeutique qui doit s’efforcer de rapporter les symptômes à une (ou plusieurs) anomalie(s) mise(s) en évidence. La manométrie anorectale permet le recueil de données objectives sur les pressions du canal anal, l’existence et la qualité du réflexe rectoanal inhibiteur, la sensibilité rectale à la distension et sur la qualité de la relaxation sphinctérienne au cours des tentatives d’évacuation. L’anisme est défini par une contraction paradoxale des muscles sphinctériens au cours de la défécation [1]. La concordance entre ces données manométriques et la contraction perçue au toucher rectal lors des efforts de poussée conduit souvent à proposer un traitement par biofeedback (technique d’apprentissage instrumentale). L’efficacité du biofeedback en cas d’anisme a fait l’objet de quelques études dont la plupart ne sont pas contrôlées et ont inclus de faibles effectifs. En dépit de ces problèmes méthodologiques, la plupart des malades se disent améliorés par cette prise en charge comportementale. Les symptômes évocateurs de troubles de l’évacuation rectale sont généralement présents en cas d’anisme mais peuvent également être observés en cas de ralentissement isolé du temps de transit sans anomalie de la statique pelvipérinéale.
Le test d’expulsion d’un ballonnet est une procédure d’exploration fonctionnelle simple qui permet en théorie d’identifier les troubles de l’évacuation rectale chez les malades constipés. Bien que ce test ait été recommandé pour le diagnostic d’anisme et pour éliminer les constipations sans trouble de l’évacuation rectale [1, 2], sa place reste très controversée en raison d’un manque de standardisation. La force développée et le temps nécessaire pour évacuer le ballonnet et la possibilité d’expulsion sont les paramètres les plus souvent mesurés.
Le but de l’étude était d’évaluer la fiabilité du test d’expulsion d’un ballonnet pour déterminer un anisme chez des malades constipés, par conséquent d’éviter des investigations complémentaires. Des malades qui présentaient une constipation d’allure fonctionnelle ont été inclus prospectivement de 1994 à 2002. Le diagnostic d’anisme était porté rétrospectivement par la manométrie et la défécographie chez des malades qui répondaient aux critères de Rome. Deux groupes de malades ont été identifiés, les constipations fonctionnelles avec (A, n = 24) ou sans (CF, n = 106) troubles de l’évacuation rectale. Le test d’expulsion du ballonnet était considéré comme normal si l’expulsion d’un ballonnet intrarectal était possible en moins d’une minute. Le volume total du ballonnet correspondait au volume nécessaire pour obtenir une sensation de besoin soutenue. Un questionnaire de symptômes était complété pendant 30 jours. Selon le questionnaire, seules les douleurs anales étaient plus fréquentes dans le groupe avec troubles de l’évacuation rectale (tableau 1). Le test d’expulsion du ballonnet était pathologique chez 21/24 malades du groupe A et 12/106 du groupe CF. La spécificité et la valeur prédictive négative du test pour éliminer une asynergie étaient respectivement de 89 et 97 %.

Tableau 1. Résultats du test d’expulsion du ballonnet et fréquence des symptômes reportés sur le questionnaire complété pendant 30 jours *  < 25 % des défécations .

Résultats (% expulsion du ballonnet)
Normal (n = 97) Pathologique (n = 33) p
 > 3 fois par semaine 78,4 78,7 NS
Jours sans selles 74,2 78,7 NS
Utilisation de laxatifs* 23,7 18,2 NS
Selles dures* 23,7 21,2 NS
Effort au cours de la défécation* 16,5 6,1 NS
Douleur anale* 63,9 24,2 0,001
Ténesme* 40,2 36,4 NS

En conclusion, cette étude suggère que le test d’expulsion d’un ballonnet intrarectal permet de sélectionner de manière fiable les malades qui ont une constipation chronique sans anisme. La méthodologie du test d’évacuation du ballonnet utilisée dans cette étude est pertinente. En effet, un volume intrarectal fixe ne permet pas systématiquement d’obtenir une sensation de besoin, ce qui peut avoir biaisé les résultats d’études antérieures. Les auteurs suggèrent que ce test soit utilisé dans le bilan initial de la constipation fonctionnelle.

Références

1. Withehead WE, Wald A. Functionnal disorders of the anus and rectum. In : Drossman DA, Coriazziari E, Talley NJ, Thompson WG, Whitehead WE. Rome 2. The functiona gastrointestinal disorders. McLean, VA : Degnon Associates. 2000 : 509-32.

2. Wald A. Outlet dysfunction constipation. Curr Treat Options Gastroenterol 2001 ; 4 : 293-7.

Figure 1. Protocole de l’étude et résultats de l’essai randomisé contrôlé en double aveugle.
1Homologie de séquence entre les protéines KIT et PDGFRA mutées. Une partie du domaine tyrosine kinase est représentée. Les acides aminés identiques sont encadrés de vert, les acides aminés similaires encadrés de gris. Les mutations germinales changent la tyrosine 820 (KIT) ou 826 (PDGFRA) en acide aspartique et rendent les récepteurs actifs, même en l’absence de ligand.