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Hépato-Gastro & Oncologie Digestive

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Toxicité intestinale des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens Volume 6, numéro 1, Janvier - Février 1999

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La toxicité digestive des médicaments anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) s’exerce sur l’ensemble du tube digestif. Néanmoins, la fréquence et la gravité des complications gastro-duodénales ont longtemps retenu l’attention, laissant dans l’ombre jusqu’à ces dernières années les autres complications notamment intestinales. Des études systématiques chez des patients sous AINS au long cours ont démontré qu’environ deux tiers d’entre eux présentaient une inflammation intestinale associée à un saignement distillant chronique et des pertes protéiques. L’anémie ferriprive, fréquente chez ces patients et souvent inexpliquée par les explorations endoscopiques conventionnelles, a pu être rattachée à des lésions ulcérées de l’intestin grêle grâce au développement de l’entéroscopie. Les complications aiguës de ces ulcérations, perforation ou hémorragie, sont rares, de même que les sténoses en diaphragme qui résultent de leur évolution cicatricielle. Dans le côlon et le rectum, les AINS peuvent induire des lésions de novo, ou compliquer l’évolution d’affections préexistantes. Les formes galéniques à libération prolongée favorisent la toxicité colique, notamment les colites non spécifiques et les ulcérations du côlon droit qui peuvent évoluer vers la formation de sténoses. Le rôle des AINS a également été impliqué dans la survenue de certaines colites ischémiques segmentaires non gangréneuses. Chez les patients ayant une diverticulose, ils augmentent le risque de perforation et d’hémorragie. Enfin, ils peuvent induire des poussées de rectocolite hémorragique ou de maladie de Crohn. La meilleure connaissance de cette pathologie iatrogène indique que l’évaluation des nouveaux AINS, longtemps focalisée sur les complications gastro-duodénales, doit également prendre en compte leur toxicité intestinale.