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Hépato-Gastro & Oncologie Digestive

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Les relaxations transitoires du sphincter inférieur de l'œsophage Volume 4, numéro 4, Juillet - Août 1997

Auteurs

Les relaxations transitoires (RT) du sphincter inférieur de l'oesophage (SIO) sont des relaxations du SIO qui ne sont pas provoquées par une déglutition. Elles sont observées lors d'enregistrements prolongés du tonus du SIO, à l'aide de sondes de manométrie équipées d'un manchon (sleeve), et répondent aux critères diagnostiques suivants : a) absence de déglutition (contraction pharyngée) durant les 2 secondes qui précèdent et les 4 secondes qui suivent le début de la relaxation, ou durée de la relaxation supérieure à 10 secondes, b) vitesse de la relaxation supérieure ou égale à 1 mmHg/s, c) relaxation complète obtenue en moins de 10 secondes et d) pression résiduelle au cours de la relaxation inférieure à 2 mmHg. Les RTSIO correspondent à l'expression manométrique de l'éructation, mais surtout, elles représentent le principal mécanisme de reflux gastro-oesophagien : elles sont à l'origine de 90 % à 100 % des reflux chez les sujets sains et d'environ deux tiers des reflux observés chez des patients avec reflux pathologique. Chez les patients, les RTSIO sont à la fois plus nombreuses, et plus souvent accompagnées d'un reflux acide. Cependant, plus le reflux est sévère et le grade de l'oesophagite élevé, plus la proportion de reflux spontanés à la faveur d'un SIO hypotonique est importante. La physiopathologie des RTSIO fait intervenir une boucle réflexe vago-vagale : stimulation d'afférences gastriques (distension) ou pharyngées (déglutitions incomplètes ?), relais au niveau du système nerveux central, et efférences musculaires lisses (relaxation du SIO) et striées (inhibition de l'activité électromyographique du diaphragme). C'est la stimulation d'afférences gastriques qui explique la prédominance post-prandiale des RTSIO. A l'exception de la fundoplicature chirurgicale, aucun traitement actuel du RGO ne permet de réduire significativement le nombre de RTSIO. Certains neuropeptides comme la cholécystokinine ou la sérotonine semblent agir spécifiquement sur les afférences nerveuses impliquées dans les phénomènes réflexes à l'origine des RTSIO : ainsi, quelques études ont montré que l'administration d'antagonistes des récepteurs de ces peptides permettait de réduire significativement le nombre de RTSIO. Le blocage spécifique des afférences digestives à l'origine des RTSIO représente une nouvelle voie de recherche qui pourrait offrir des perspectives intéressantes dans la prise en charge du reflux gastro-oesophagien pathologique.