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Hématologie

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Lymphopénie et lymphome de Hodgkin : impact pronostique et physiopathologie Volume 19, numéro 5, Septembre-Octobre 2013

Auteurs
Hématologie et immunologie biologiques, hôpitaux universitaires Paris-Sud (AP-HP), Le Kremlin-Bicêtre, Inserm U1012, Faculté de médecine, Université Paris Sud (Paris XI), Laboratoire de thérapie cellulaire et génique – Hôpital Necker Enfants Malades, APHP, Unité de diagnostic viral et moléculaire des tumeurs, hôpital Habib Thameur, Tunis, Tunisie, Inserm UMR996, Service d’hématologie, CHU Bicêtre. 78 rue du Général Leclerc, 94375 Le Kremlin Bicêtre

Le lymphome de Hodgkin (LH) est une hémopathie lymphoïde caractérisée par une infiltration, le plus souvent ganglionnaire, par des cellules tumorales de Hodgkin et de Reed-Sternberg (RS). Ces cellules sont fréquemment infectées par le virus Epstein-Barr (EBV). Plusieurs facteurs immunologiques sont associés au pronostic de la maladie, comme le nombre de lymphocytes totaux périphériques, le profil et les quantités de lymphocytes infiltrant les tumeurs (TIL) et de macrophages infiltrant la tumeur (TAM). Les TIL associés au LH sont majoritairement orientés vers une réponse immunitaire T de type auxiliaire à profil cytokinique Th2. Leur proportion au sein de l’infiltrat est corrélée positivement à la survie alors que la proportion de TAM est corrélée négativement à la survie. L’infection par l’EBV agit aussi sur le profil et les caractéristiques de l’infiltrat inflammatoire du microenvironnement tumoral, la présence du génome de l’EBV dans les RS étant associé à une augmentation des TAM.

Les patients ayant un LH présentent fréquemment une lymphopénie et celle-ci est corrélée avec le stade ainsi qu’avec le pronostic de la maladie. Les cellules de RS et celles de l’infiltrat inflammatoire sécrètent de nombreux facteurs solubles impliqués dans le recrutement cellulaire local, le contrôle de l’activation et de la différenciation lymphocytaire ou dans la mort de ces cellules par apoptose. La diminution des lymphocytes B survient dès les stades les plus précoces du LH alors que les lymphopénies T semblent survenir plutôt dans des contextes de lymphopénie globale et à des stades avancés de la maladie. Nous verrons que la lymphopénie B pourrait être favorisée principalement par une destruction accrue des lymphocytes B en périphérie, voire par l’altération de la production centrale de lymphocytes B. Enfin, des mécanismes similaires contribuant à l’apparition d’une lymphopénie sont observés dans d’autres pathologies malignes ou inflammatoires.