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Hématologie

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Les difficultés d’annoncer la maladie grave pour les hématologistes français Volume 20, supplément 1, Mars 2014

Auteurs
Service d’hématologie et thérapie cellulaire, CHU Bretonneau, Tours, Département de psycho-oncologie, Institut Gustave-Roussy, Villejuif, Pôle de la cancérologie, Université Joseph-Fourier, Grenoble

Cette étude avait pour objectif d’étudier les raisons des difficultés par les hématologues français à annoncer une mauvaise nouvelle à un patient atteint d’hémopathie maligne. Un questionnaire comprenant trois parties a été envoyé aux 917 membres de la Société française d’hématologie (SFH) par courrier électronique. La première partie incluait des renseignements socio-démographiques. La deuxième comprenait 14 items évaluant le niveau de difficultés à annoncer une mauvaise nouvelle et les raisons de ces difficultés : était-ce lié à la peur de provoquer des réactions chez les patients ou à la peur de se mettre en danger ? La troisième partie évaluait le ressenti des médecins avant, pendant et après l’annonce, et les médecins devaient qualifier leurs compétences et leur formation en communication. Résultats. Cent dix-sept hématologues ont complété le questionnaire. 58,1 % disent ne pas éprouver de difficulté à annoncer une mauvaise nouvelle. En cas de difficultés, celles-ci apparaissent plus liées à la peur de se mettre en difficulté qu’à la peur de provoquer des réactions chez le patient : crainte de ne pas savoir réagir devant les émotions du patient (p < 0,0001), souffrance en parlant de la mort avec le patient (p = 0,0020), crainte d’ôter tout espoir au malade (p = 0,0039), crainte de ne pas savoir répondre aux questions du patient (p = 0,0139). Ces difficultés apparaissent dépendantes des compétences (p < 0,05) et de la formation en communication des médecins (p < 0,01), les compétences en communication apparaissant liées à la formation (p < 0,0001). Conclusion. Il apparaît que l’annonce d’une mauvaise nouvelle est difficile pour presque la moitié des hématologues ayant répondu au questionnaire. La relation de ces difficultés avec les compétences et la formation incite à repenser les études médicales en y introduisant l’apprentissage de la communication médecin-malade. Ce sujet devrait également être travaillé durant le DES d’hématologie (séminaire et compagnonnage).