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Hématologie

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Impacts organisationnels liés aux nouveaux médicaments Rôle du pharmacien hospitalier Volume 26, supplément 6, Décembre 2020

Auteur
Réseau Oncoral
Hôpital Lyon Sud, Pierre-Bénite, France
* Tirés à part

L’accès à l’innovation thérapeutique constitue un enjeu majeur de santé publique. Il peut pourtant s’écouler plusieurs années entre la fin des essais cliniques et l’utilisation des médicaments dans le soin courant. En France, le dispositif des autorisations temporaires d’utilisation (ATU) a permis d’accélérer l’accès à de nouveaux médicaments, plusieurs mois voire plusieurs années avant leur autorisation de mise sur le marché (AMM). Pour autant, l’augmentation soutenue de la recherche clinique et l’essor des médicaments innovants nécessitent une nouvelle adaptation du système d’accès précoce à l’innovation. En cancérologie, les enjeux sont sous-tendus par les attentes des patients et de leur entourage, par la pression médiatique et par les enjeux de sécurité et de soutenabilité financière. La loi de financement de la Sécurité sociale 2019 permet désormais d’élargir les situations dans lesquelles un accès précoce à certains produits de santé peut désormais être autorisé et financé, avec la mise en place de deux nouveaux dispositifs : les ATU de cohorte d’extension (pour les extensions d’indication de médicaments disposant d’une AMM pour au moins une autre indication) et l’accès direct au post-ATU (pour les médicaments n’ayant pas bénéficié d’une ATU, disposant d’une AMM, mais en attente des accords de prise en charge financière). Le traitement des lymphomes T illustre la complexité du dispositif d’accès à l’innovation. Les essais cliniques constituent une option intéressante de traitement pour les patients. Au cours de ces dernières années, ils ont permis d’enrichir l’arsenal thérapeutique par des molécules innovantes comme la romidepsine en ATU nominative dans les situations de rechute ou de maladie réfractaire, le brentuximab vedotin dans le cadre d’une AMM pour le traitement des lymphomes anaplasiques à grandes cellules récidivants ou réfractaires et les lymphomes T cutanés en seconde ligne, le mogamulizumab et le vorinostat respectivement en ATU de cohorte et en ATU nominative pour le traitement des lymphomes T cutanés. Le rôle des pharmaciens hospitaliers en cancérologie est primordial pour accompagner l’accès précoce à l’innovation et pour la sécuriser à toutes les étapes du développement des médicaments, dès les essais cliniques. Ils assurent la préparation centralisée des chimiothérapies injectables et de l’immunothérapie selon des exigences d’assurance qualité garantes de la sécurité des patients. Plus récemment, le développement de la pharmacie clinique oncologique a démontré son intérêt dans l’optimisation de la thérapeutique des patients atteints de cancer, par une expertise pharmaceutique intégrée aux parcours de soins : analyse pharmaceutique de prescription, best possible medication history et medication reconciliation, prévention des effets indésirables, détection des drug-drug interactions, y compris avec l’automédication et la phytothérapie. D’autres programmes sont dédiés au suivi pluridisciplinaire ville-hôpital des patients ambulatoires traités par anticancéreux oraux. La littérature démontre que ces programmes centrés sur le patient réduisent la iatrogénie médicamenteuse pour un ratio coût-bénéfice favorable, incitant leur déploiement pour sécuriser l’accès à l’innovation thérapeutique.

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