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Environnement, Risques & Santé

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Les médicaments anticancéreux dans les effluents hospitaliers et domestiques Volume 5, numéro 4, Juillet-Août 2006

Auteurs
Les Collanges, 07240 Saint Jean Chambre, Pharmacie Hôpital Lapeyronie-Arnaud de Villeneuve, 371, Avenue Doyen Gaston Giraud, 34295 Montpellier, France

En Europe, le nombre de cancers dépistés est en constante, évolution ce qui amène à une augmentation des traitements liés à ces maladies. Les bases de ces traitements sont la chimiothérapie et la radiothérapie seules ou en associations. Les chimiothérapies sont effectuées à l’aide de médicaments anticancéreux qui ont des propriétés toxiques pour les cellules et dont un grand nombre sont classés par le Centre international de recherches sur le cancer (CIRC) soit : cancérogènes pour l’homme (azathioprine, chlorambucile, cyclophosphamide, étoposide en combinaison avec cisplatine et bléomycine, melphalan, sémustine, tamoxifène, thiotépa) ; soit cancérogènes probables pour l’homme (adriamycine, lomustine, carmustine, cisplatine, chlorozotocine, étoposide, procarbazine, téniposide) ou cancérogènes possibles pour l’homme (amsacrine, bléomycine, dacarbazine, daunomycine, méthylthio-uracile, melphalan, mitomycine C, mitoxantrone, thio-uracile). Lors de la préparation des solutions de ces médicaments pour le traitement des patients, certains déchets (contaminations accidentelles, surplus de préparations non administrées, matériel souillé…) sont générés, mais il est facile de les maîtriser. De plus, lors de l’administration aux patients, certains de ces médicaments peuvent être excrétés en proportions importantes (jusqu’à 70 %) et ils se retrouvent dans les urines, les fèces, et sur le linge souillé des malades, cela parfois pendant plusieurs jours. Ces derniers déchets ne sont en général pas maîtrisés actuellement : la plupart sont concentrés dans les effluents hospitaliers, mais on les retrouve aussi, avec le développement de la médecine ambulatoire et de l’utilisation des chimiothérapies en médecine vétérinaire, au niveau de tous les réseaux d’égouts. Y a-t-il un risque pour la faune et la flore lié à la présence de ces médicaments dans les égouts ? Quel est le devenir de ces médicaments au niveau des stations d’épuration ? Peut-on les retrouver dans les eaux de surface, les eaux souterraines et dans les réseaux d’eau potable ? Y a-t-il un risque pour l’homme lié à ces pollutions ? Les divers éléments dont on dispose permettent de répondre à ces questions, au moins partiellement. Ils démontrent le risque potentiel généré par le rejet de ces médicaments dans notre environnement.