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L’enfant s’initie au toucher dès la vie intra-utérine Volume 6, numéro 4, Octobre-Novembre-Décembre 2018

Illustrations


  • Figure 1

Jusqu’au milieu du siècle dernier (qui n’est tout de même pas si lointain !), on ne pensait pas que le fœtus était capable de « toucher ». Différentes études ont permis durant ces dernières années de démontrer que le fœtus s’initie au toucher in utero.

Le toucher, ce sens qui nous est si cher à nous autres dermatologues, est le premier à se développer chez le fœtus et cette maturation débute très tôt puisque, dès la 7e semaine de vie, le fœtus peut réagir à une stimulation tactile [1].

Au plan structurel, les cellules réceptrices des stimulations mécaniques sont présentes sur une bonne part de la surface cutanée dès la 14e semaine et sont particulièrement abondantes au niveau de la face et de la zone péri-orale. Ce sont bien sûr les mouvements propres du fœtus mais aussi les déplacements de la maman, les pressions sur le ventre (les caresses du papa !) ou les contractures de l’utérus qui vont activer les mécanorécepteurs et récepteurs proprioceptifs de l’enfant. Aux alentours de la 25e semaine, les voies afférentes, qui conduisent l’information au cortex primaire, et le cortex primaire lui-même, sont pleinement actifs et l’information tactile peut être intégrée.

Au plan physiologique, une étude menée par des chercheurs de Durham et de l’université de Lancaster a permis d’établir que le fœtus utilise le toucher pour s’explorer lui-même et que ce sens mature progressivement au fur et à mesure du développement fœtal [2]. Aux stades les plus précoces, autour de la 24e semaine, le tout petit homme touche surtout la partie supérieure et les faces latérales de sa tête, puis, à mesure que l’on s’approche de la 32e semaine, il s’intéresse de plus en plus à l’exploration de la partie basse de son visage et en particulier de sa bouche (figure 1). En toute fin de grossesse (36e semaine), le fœtus ouvre la bouche avant même que la main s’y porte, témoignant ainsi d’une capacité d’anticipation entre l’intention du toucher et son résultat. Il va pouvoir sortir bientôt : le voici fin prêt pour sa future alimentation !

Enfin, une étude écossaise récente [3] a examiné, grâce à l’échographie 4D, la réponse des bébés aux stimuli extérieurs, et démontré que le toucher provoque, chez les fœtus, davantage de réactions que le son de la voix.

Ah ! Magie de la peau… Que ferions-nous sans elle ?

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