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Bulletin du Cancer

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Traitement par chirurgie et chimiohyperthermie intrapéritonéale des carcinoses péritonéales d’origine colorectale : un nouveau standard validé, mais dont la place reste à préciser Volume 92, numéro 2, Février 2005

Auteurs
Département de chirurgie oncologique, Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif Cedex, département de médecine, Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif Cedex

La carcinose péritonéale est un mode de dissémination des cancers coliques et rectaux distinct des processus métastatiques habituels. Du fait de son très mauvais pronostic, encore limité à moins d’un an malgré les chimiothérapies les plus récentes, la carcinose est incluse dans les stades M de la classification TNM. Pourtant, cette évolution du cancer est dans près de 30 % des cas isolée. L’exérèse chirurgicale d’une carcinose ne peut généralement pas être complète ; elle reste au mieux de type R1, avec une maladie résiduelle microscopique. C’est pour traiter cette maladie résiduelle que la CHIP a été proposée. Les premiers résultats de la littérature ont rapporté l’existence de survivants à 5 ans après exérèse et CHIP, et montré que le principal facteur de succès était une exérèse macroscopique complète de la carcinose (de type R1). Une étude de phase III, publiée fin 2003 par l’équipe de Zoetmulder dans le Journal of Clinical Oncology, confirme les résultats des études de phase II et apporte une première démonstration de l’intérêt de la CHIP (niveau de preuve II). Elle a randomisé, de 1998 à 2001, 105 patients ayant une carcinose péritonéale d’origine colorectale prouvée histologiquement, traités soit par chimiothérapie palliative systémique associant 5FU et acide folinique, soit par chirurgie d’exérèse de la carcinose (chirurgie parfois incomplète) avec une CHIP (par mitomycine C pendant 90 minutes) suivie de la même chimiothérapie systémique. La mortalité dans le bras avec CHIP était de 8 % et la durée moyenne d’hospitalisation de près de 1 mois. Après un suivi de 21 mois, la survie médiane était de 12 mois dans le bras standard versus 21 mois dans le bras CHIP (p = 0,032). Ces résultats confirment les résultats des nombreuses séries non randomisées antérieurement publiées rapportant des survies médianes allant de 12 à 40 mois après CHIP par mitomycine C. Nous avons très récemment publié des résultats d’une étude de phase II n’incluant que des exérèses R1 suivies d’une CHIP par oxaliplatine. Cette étude ayant porté sur 24 patients a montré un taux de survie à 3 ans de 65 %. Cette survie est la plus élevée jamais rapportée dans le traitement des carcinoses d’origine colorectale. Toutes ces avancées récentes illustrées par un grand nombre de publications en 2003 et en 2004, émanant souvent d’équipes françaises, ont permis de valider le concept de la CHIP comme un nouveau standard, même si sa place dans la pratique clinique reste à définir.