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Bulletin du Cancer

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Toxicité cardiaque de la radiothérapie : physiopathologie, données cliniques Volume 91, numéro spécial 3, Numéro spécial, Novembre 2004

Auteurs
Département d’oncologie–radiothérapie, Institut Curie, 26, rue d’Ulm, 75005 Paris

L’irradiation cardiaque peut entraîner plusieurs types de complications. Ainsi la radiothérapie thoracique des lymphomes, de la maladie de Hodgkin, des cancers bronchopulmonaires et du sein exposent à la survenue de complications qui peuvent intéresser toutes les tuniques du cœur. Ces atteintes cardiaques comprennent les péricardites aiguës et chroniques, les myocardites, les valvulopathies, les atteintes coronariennes et les troubles de la conduction. Les mécanismes physiopathologiques relèvent très vraisemblablement tous des mêmes phénomènes successifs débutant par une atteinte de la microvascularisation, responsable d’une ischémie secondaire tissulaire conduisant à son tour à une fibrose cicatricielle tardive. La péricardite aiguë est très souvent asymptomatique et sans gravité. La péricardite chronique affecte environ 5 % des patients traités avec une dose totale supérieure à 40 Gy. À cette dose, elle est responsable d’une mortalité inférieure à 1 %. Les myocardites sont beaucoup plus rares mais souvent asymptomatiques. Très longtemps ignorées, les atteintes des artères coronaires sont probablement responsables de la survenue tardive de complications variées comme des infarctus, des valvulopathies ou des troubles de la conduction. Ces atteintes sont d’autant plus fréquentes que les patients ont d’autres facteurs de risque cardiovasculaire et/ou ont été irradiés jeunes (< 21 ans). L’incidence d’une atteinte coronarienne est de l’ordre de 5 à 10 %. L’incidence et le taux de mortalité des valvulopathies sont d’environ 20 % et 0,5 % respectivement. Les troubles de conduction affectent environ 5 % des patients. Les facteurs de risque reconnus de ces toxicités sont la dose totale (> 30 Gy), le volume de cœur irradié et la dose par fraction. Ces complications pouvant survenir très longtemps après l’irradiation, une surveillance prolongée et stricte est nécessaire en cas d’antécédent d’irradiation thoracique.