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Bulletin du Cancer

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Le cancer de la thyroïde après Tchernobyl : l’iode 131 seul responsable ? Conséquences en termes de pratique médicale Volume 95, numéro 2, février 2008

Auteurs
Service des isotopes, CHI Le Raincy-Montfermeil, 10 rue du Général-Leclerc, 93370 Montfermeil, Laboratoire de biophysique. Faculté de Médecine. Université Paris 7-Denis Diderot, BP 416, 75870 Paris Cedex 18

Le caractère exceptionnel des cancers thyroïdiens des enfants exposés à Tchernobyl, leur nombre (l’incidence est multipliée par 100), le lien à l’âge (85 % avaient moins de 5 ans au moment de la catastrophe), continuent à préoccuper endocrinologues, médecins nucléaires et chercheurs. Les études épidémiologiques se sont intéressées quasi exclusivement à l’iode 131, principal agent de l’irradiation. Toutefois, les différentes connaissances accumulées lors d’expériences antérieures (utilisations médicales de l’iode 131, retombées des essais nucléaires sur les îles Marshall et le Nevada et rejets du site d’Hanford), ainsi que de nombreux autres travaux sur les conséquences de Tchernobyl, permettent de s’interroger sur les différents facteurs d’irradiation de la thyroïde et sur leurs rôles respectifs. De plus, sont apparues des avancées récentes sur les défenses de la cellule face aux doses faibles ou très faibles. Dans cette analyse, les auteurs montrent que l’irradiation thyroïdienne est complexe, doit être vue dans sa globalité, interne liée à l’iode 131 et à ses isotopes à vie courte (iodes 132, 133, 134 et 135) et externe. Si l’utilisation clinique de l’iode 131 reste actuellement inchangée, le rapport bénéfice/risque doit être pesé, en particulier pour le traitement des pathologies thyroïdiennes bénignes chez les enfants de moins de 15 ans.