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Bulletin du Cancer

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Faut-il inhiber ou stimuler la production de monoxyde d’azote des cellules cancéreuses mammaires ? Volume 91, numéro 9, Septembre 2004

Auteurs
EPHE/Inserm, Laboratoire d’immunologie et immunothérapie des cancers, unité 517 mort cellulaire et cancer, IFR 100 et Université de Bourgogne, 7 boulevard Jeanne-d’Arc, 21079 Dijon, Service d’anatomie-pathologique, Centre Georges-François Leclerc, Dijon, France

La production de monoxyde d’azote (NO) est catalysée par deux types de NO-synthases, constitutives et inductibles, la NO-synthase inductible produisant de grandes quantités de NO. Le NO peut agir à plusieurs stades du développement des tumeurs et des métastases et son rôle peut être considéré comme bénéfique ou adverse, selon les cas. Cette revue s’intéresse aux cancers du sein et aux mécanismes par lesquels le NO peut influer sur leur devenir. Le développement d’une tumeur du sein s’accompagne chez les patientes d’une élévation du taux de nitrites et nitrates sanguins et la présence de NO-synthases peut être détectée dans les tumeurs. Cependant, les corrélations entre le grade de la tumeur, son agressivité et la formation des métastases ne sont pas univoques. Les études dans les modèles animaux permettent d’expliquer ces divergences par le type de NO-synthase impliquée, le taux de NO résultant et la nature des cellules productrices, tumorales ou stromales. Des études récentes montrent que le NO produit par les cellules tumorales inhibe alors que le NO produit par les cellules stromales facilite la croissance tumorale, au moins dans le modèle étudié. L’effet cytotoxique du NO sur les cellules tumorales a été bien documenté mais, par ailleurs, le NO pourrait favoriser les propriétés invasives des cellules tumorales en agissant sur la matrice extracellulaire et, d’une façon générale, en stimulant l’angiogenèse. De ce fait, on ne peut pas attribuer au NO un effet uniquement pro ou antitumoral et il est trop tôt pour chercher à lui donner une valeur pronostique dans le cancer mammaire. Néanmoins, contraindre les cellules tumorales à produire suffisamment de NO pour se suicider est une voie de recherche à explorer. Si le ciblage des cellules tumorales était réussi, cette voie ne devrait pas présenter de toxicité générale.