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Bulletin du Cancer

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Du risque de sous-traitement des cancers du sein en utilisant la technique du ganglion sentinelle Volume 90, numéro 5, Mai 2003

Auteurs
Institut Paoli-Calmettes, 232, boulevard de Sainte-Marguerite, 13273 Marseille Cedex 9

Le curage axillaire est un standard dans la prise en charge des cancers du sein invasifs, néanmoins grevé d’une morbidité non négligeable. Sa réalisation devrait donc s’inscrire dans une analyse risques/bénéfices, en particulier depuis la mise au point de la technique du ganglion sentinelle (GS). Le but de ce travail est de réaliser une analyse quantitative des risques de sous-stadification et de sous-traitement induits par l’utilisation de la technique du GS. Cette étude a été réalisée sur la base de donnée de 1 636 cancers du sein : 437 T0, 766 T1, 433 T2 inférieur à 30 mm et N0. Cette population a été sélectionnée car elle correspond aux indications de la technique d’identification du GS. Le taux d’envahissement ganglionnaire (pN+) a été étudié en fonction de différents facteurs pouvant être prédictifs de l’atteinte ganglionnaire : la taille histologique, le grade, la présence ou non d’emboles vasculaires péritumoraux, la présence ou non de récepteurs hormonaux (RH), le statut pré ou post-ménopause et l’âge. Le risque de ne pas indiquer de chimiothérapie adjuvante en utilisant la technique du GS a été évalué chez les patientes pré et post-ménopausées. Le taux de pN+ était de 27 % (444/1 636), avec des taux respectifs de 17 % des T0 (74/437), 26 % des T1 (202/766) et 39 % des T2 inférieurs à 30 mm (168/433). Le taux de pN+ était équivalent pour les adénocarcinomes canalaires et lobulaires infiltrants, respectivement 27,4 % (308/1 125) et 24,3 % (52/214). Ce taux était significativement inférieur pour les adénocarcinomes tubuleux, médullaires vrais et colloïdes : 15 % (20/155). Une étude statistique univariée et multivariée a permis d’identifier les facteurs prédictifs significatifs de pN+ : la présence d’emboles, le grade 3, l’âge inférieur ou égal à 50 ans, la taille histologique supérieure à 30 mm. Le taux d’envahissement ganglionnaire a été déterminé en fonction du grade, des emboles et de la taille histologique avec des taux croissants en fonction des différents sous-groupes. L’utilisation de la technique du GS sans curage systématique, avec un taux de faux négatifs de 5 %, entraîne un risque théorique de ne pas indiquer une chimiothérapie, alors qu’elle serait indiquée après un curage, de 1,4 pour 1 000 pour les patientes préménopausées et de 0,93 pour 1 000 pour les patientes ménopausées. Le taux de pN+ attendu en fonction des principaux facteurs prédictifs que sont les emboles, le grade et la taille histologique permet d’évaluer les risques et les bénéfices escomptés de la technique d’identification du GS dans les sous-groupes ainsi constitués. Les indications de la technique du GS pourraient être revues et affinées en fonction de ces données dont certaines peuvent être acquises en préopératoire.