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Science et changements planétaires / Sécheresse

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Artificialisation et évolution du statut trophique d’un lac sahélien peu profond : le lac de Guiers (Sénégal) Volume 24, numéro 1, Janvier-Février-Mars 2013

Auteurs
Université Cheikh Anta Diop (Ucad) Département de biologie végétale BP 5005 Dakar Sénégal, IRD Département environnement et ressources 44, boulevard de Dunkerque CS 90009 F-13572 Marseille cedex 02 France

Le fonctionnement hydrologique du lac de Guiers, principal réservoir d’eau douce du pays, est totalement contrôlé depuis la mise en service des barrages de Diama (1985) et de Manantali (1987) sur le fleuve Sénégal. Le statut trophique du lac a été considérablement affecté par ces changements majeurs. Les paramètres physicochimiques et biologiques ont été suivis pendant quatre années (2002 à 2005) afin de caractériser cette évolution. Nos résultats décrivent un état eutrophe de 2002 à 2004 et hypertrophique en 2005. Les mesures du disque Secchi sont restées inférieures à 100 cm. La conductivité de l’eau a augmenté significativement en 2004 et 2005 par rapport aux deux années précédentes. Les concentrations des sels nutritifs ont varié de 0,3 à 7,8 μgP/L (PO 4 3−), de 0 à 14,5 μgN/L (NO 3 ) et de 1,3 à 28,9 μgN/L (NH 4 +). Les biomasses chlorophylliennes ont quant à elles fluctué annuellement entre 5 et 50 μg/L de 2002 à 2004, puis entre 20 et 105 μg/L en 2005. Cent onze espèces de phytoplancton appartenant à sept classes ont été recensées au cours du cycle annuel de 2002 à 2003 avec une dominance des classes de cyanophycées (25 %) et des chlorophycées (32 %). Les pressions multiples et croissantes subies par ce lac contribuent à la dégradation continue de la qualité de ses eaux (eutrophisation) : un monitoring régulier de l’état de santé de cet écosystème emblématique et stratégique constitue une exigence.