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Science et changements planétaires / Sécheresse

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Les sécheresses saisonnières dans le haut bassin de l‘Oum‐er‐Rbia (Maroc central) : aspects et fréquences Volume 14, numéro 3, JUILLET-AOÛT-SEPTEMBRE 2003

Auteur
Laboratoire ICOTEM (EA n° 2252), MSHS, Université de Poitiers, 99, avenue de Recteur Pineau, 86022 Poitiers, France <d.eljihadcaramail.com>

Au Maroc, la contrainte de la sécheresse dans les régions montagneuses est souvent ignorée. Les sécheresses qu‘a connues le Maroc depuis 1980 nous rappellent que ces régions ne sont pas épargnées par des déficits en eau importants, surtout pendant la saison estivale. Le but de cette étude est d‘exposer la répartition et la fréquence spatio‐temporelles des sécheresses saisonnières dans une région de moyenne montagne. L‘étude a été menée à partir des données thermo‐pluviométriques de deux stations caractéristiques du haut bassin de l‘Oum‐er‐Rbia, à savoir Khénifra et Ouiouane, représentatives, respectivement, de la Meseta et du Causse moyen‐atlasique (Maroc central). Deux méthodes ont été utilisées pour étudier les caractéristiques des sécheresses intra‐annuelles : le rapport P\T et le bilan hydrique. L‘approche annuelle du rapport P < 2T ne révèle aucune corrélation significative entre précipitations annuelles et nombre de mois secs, ce qui souligne la mauvaise répartition mensuelle des précipitations méditerranéennes. À l‘échelle saisonnière, le rapport montre que la sécheresse estivale est régulièrement présente chaque année ; sa longueur varie d‘une année à l‘autre. La sécheresse peut également affecter accidentellement d‘autres saisons de l‘année. Les deux types de sécheresses (estivale et accidentelle) affectent aussi bien la Meseta que le Causse, mais leur intensité et leur longueur décroissent avec l‘altitude. Les résultats obtenus à partir du bilan hydrique diffèrent de ceux du rapport P ∓ 2T, en ce sens que les premiers font ressortir la sécheresse sous forme du manque d‘eau hypothéquant la croissance des végétaux, c‘est‐à‐dire l‘eau nécessaire pour satisfaire l‘évapotranspiration potentielle. Par ailleurs, le bilan hydrique exprime les différences hydro‐spatiales entre Khénifra et Ouiouane. Cette dernière, à l‘inverse de Khénifra, fournit l‘essentiel des eaux qui, en s‘infiltrant partiellement dans le Causse en hiver, contribuent largement au soutien de l‘écoulement estival de l‘Oum‐er‐Rbia. En définitive, les deux méthodes se recoupent et se complètent pour souligner l‘influence de l‘altitude sur la répartition spatio‐temporelle des sécheresses intra‐annuelles.