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Annales de Biologie Clinique

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Microalbuminurie et excrétion urinaire d’albumine : recommandations pour la pratique clinique Volume 66, numéro 3, Mai-Juin 2008

Auteurs
Service de néphrologie-immunologie clinique, CHU de Tours, Service d’endocrinologie diabétologie, CHU de Poitiers ; Inserm ERM 324, CHU de Poitiers, Service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire et angiologie, Hôpital Dupuytren, CHU de Limoges, Santé Publique, DIM CHRU Dijon et Département épidémiologie McGill, Université de Montréal, Service de cardiologie, Hôpital Avicenne, Bobigny, Service de Médecine interne, Hôpital Tenon, Paris, Service de Gérontologie clinique, CHU d’Angers, Département de néphrologie-hypertension, Hhospices civils de Lyon, Hôpital Edouart Herriot, Lyon, Service de diabétologie, Université de Bordeaux, Pessac, Service d’explorations fonctionnelles, CHU Jean-Verdier, Bondy, Département de biologie intégrée, Hôpital A-Michallon, CHU de Grenoble, Santé publique, Economie de la Santé, CHU de Tours, Service d’endocrinologie diabétologie nutrition, Hôpital Jean-Verdier, Bondy, Service de néphrologie, CHU de Grenoble

Le dosage de l’excrétion urinaire d’albumine (EUA) peut se faire sur un échantillon urinaire sur les premières urines du matin, sur celles de 24 heures ou sur prélèvement urinaire minuté. Les valeurs définissant la microalbuminurie sont :- urines de 24 heures : 30-300 mg/24h ; - échantillon urinaire : 20-200 mg/mL ou 30-300 mg/g créatinine urinaire ou 2,5-25 mg/mol (chez l’homme) ou 3,5-35 mg/mol (chez la femme) créatinine urinaire ;- échantillon urinaire minuté : 20-200 μg/min. La place du dosage semi-quantitatif (bandelettes) n’est pas clairement définie. La microalbuminurie est considérée comme un reflet d’une atteinte généralisée de l’endothélium, mais ce n’est pas démontré. Chez le sujet diabétique, la microalbuminurie est un marqueur de risque cardiovasculaire (CV), rénal et de mortalité totale chez les diabétiques de type 1 et 2. L’augmentation de l’EUA au cours du temps est un marqueur de risque CV et rénal chez le diabétique de type 1 ; sa régression est associée à une régression de ces risques. Chez le sujet non diabétique, la microalbuminurie est un marqueur de risque CV, de risque de diabète, d’altération de la fonction rénale et de mortalité totale. Elle est un marqueur de risque de développer une hypertension artérielle chez le sujet normotendu. C’est aussi un marqueur de risque d’évolution défavorable ou de décès au cours de cancers et de lymphomes. L’élévation ou la persistance d’une EUA élevée au cours du temps est associée à un pronostic péjoratif chez certains hypertendus. La mesure d’EUA peut être recommandée chez certains hypertendus ayant 1 ou 2 facteurs de risque CV associés dont le risque CV semble mal évalué ou ayant une HTA réfractaire : la microalbuminurie indique ici un risque CV élevé et incite à assurer un contrôle tensionnel strict. Il y a peu d’études chez les sujets non hypertendus et non diabétiques ; elles suggèrent globalement que la microalbuminurie est un facteur de comorbidité et de mauvais pronostic comme chez les sujets hypertendus ou diabétiques. En prévention secondaire, la microalbuminurie devient un marqueur de risque indépendant, mais n’a pas de retombées thérapeutiques spécifiques. Il n’est pas recommandé de rechercher systématiquement une microalbuminurie chez le sujet non hypertendu, non diabétique, sans antécédent de maladie rénale. Mais, il est recommandé d’effectuer une surveillance de la fonction rénale annuelle (créatininémie et estimation du débit de filtration glomérulaire) chez les sujets microalbuminuriques. Thérapeutique : chez tout patient ayant une microalbuminurie : perte de poids et de l’apport sodé excessif (< 6 g/jour), arrêt du tabagisme, amélioration du contrôle glycémique, contrôle tensionnel strict ; chez le diabétique, prescription d’un inhibiteur de l’enzyme de conversion (diabète de type 1) ou d’un antagoniste des récepteurs de l’angiotensine 2 (diabète de type 2) à dose suffisante en première intention. Les diurétiques thiazidiques ont un effet synergique avec les bloqueurs du système rénine angiotensine sur la réduction de l’EUA. Chez le non diabétique, les cinq grandes classes d’antihypertenseurs (IEC, ARA2, diurétiques, antagonistes calciques, bêtabloquants) sont utilisables en 1 re intention.