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Annales de Biologie Clinique

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Le diagnostic génotypique des myopathies de Duchenne et de Becker Volume 57, numéro 4, Juillet - Août 1999

Auteurs
Laboratoire de génétique moléculaire, UPR CNRS 1142, Institut de biologie, 4, boulevard Henri-IV, 34060 Montpellier cedex

Les myopathies de Duchenne (DMD) et de Becker (BMD) sont des formes alléliques d’une dystrophie musculaire transmise sur le mode récessif lié au chromosome X. Toutes deux résultent de mutations survenant dans un gène identifié en 1986 codant pour une protéine du cytosquelette membranaire, la dystrophine. Il s’agit de grandes délétions génomiques dans 60 % des cas environ, et de mutations ponctuelles dans la quasi-totalité des cas restants. Un diagnostic génotypique de ces pathologies lourdement handicapantes et incurables est réalisable dans les familles où il existe des antécédents de la maladie, afin de dépister les femmes vectrices et de réaliser, le cas échéant, un diagnostic prénatal grâce à l’étude de l’ADN fœtal. En pratique, seules les délétions facilement détectables par la technique de polymerase chain reaction (PCR) multiplex sont recherchées par les laboratoires de diagnostic moléculaire. La mise en évidence d’une délétion permettra ensuite de réaliser un diagnostic prénatal direct (de certitude). L’approche indirecte basée sur l’étude familiale de marqueurs polymorphes du locus DMD est utilisée pour suivre la ségrégation de l’haplotype lié au gène muté et de l’haplotype lié au gène normal, permettant la discrimination des femmes vectrices/non vectrices. L’étude de liaison est délicate et parfois non informative ; elle n’est pas applicable en cas de néomutation (un tiers des patients). Nous avons mis en place une stratégie originale de détection des mutations ponctuelles dans le gène dystrophine, basée sur l’analyse des transcrits isolés des muscles des patients, et sur la recherche ciblée des mutations responsables d’un arrêt prématuré de la synthèse protéique (98 % des mutations ponctuelles DMD) par le test de troncation des protéines. Avec un taux de détection supérieur à 90 %, cette approche s’est révélée beaucoup plus efficace que les méthodes conventionnelles basées sur l’étude de l’ADN génomique. L’identification des mutations ponctuelles du gène dystrophine permet désormais un conseil génétique précis dans les formes sporadiques de la maladie et contribue à améliorer nos connaissances sur la pathologie moléculaire de ce gène.