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Annales de Biologie Clinique

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L’apolipoprotéine E et ses allèles chez le sujet sain et au cours de l’athérosclérose Volume 56, numéro 6, Novembre - Décembre 1998

Auteurs
Service de biochimie, Hôpital Tenon, 4, rue de la Chine, 75020 Paris

L’apolipoprotéine E (apo E) joue un rôle majeur dans le métabolisme des lipoprotéines plasmatiques comme ligand des récepteurs des LDL, des VLDL et des remnants. Elle est synthétisée par les hépatocytes et aussi par les monocytes-macrophages. Elle présente trois isoformes codominantes fréquentes E2, E3 et E4. L’isoforme E2 n’est pas reconnue par le récepteur des LDL, ni par celui des remnants. La fréquence des allèles de l’apo E varie dans les différentes populations. En Europe, la fréquence de l’allèle E4 augmente du sud vers le nord et suit le gradient de fréquence des maladies cardiovasculaires. En revanche, l’association entre l’allèle E2 et ces maladies reste à démontrer en dehors de l’hyperlipoprotéinémie de type III. Il est possible d’expliquer, du moins en partie, le rôle de l’apo E4 dans l’athérosclérose par sa plus grande solubilité dans les lipoprotéines à apo B. La cholestérolémie moyenne des sujets E4/E3 est supérieure à celle des sujets E3/E3, elle-même supérieure à celle des sujets E3/E2, probablement du fait d’un captage plus rapide des remnants des chylomicrons et des VLDL chez les sujets E4/E3. L’allèle E4 semble aussi jouer un rôle, tant dans la sensibilité au régime alimentaire en combinaison avec d’autres facteurs génétiques tels que le polymorphisme Eco RI de l’apo B que dans la réponse aux hypolipémiants. L’apo E participe aussi au contrôle de la triglycéridémie en association avec d’autres facteurs génétiques et environnementaux tels que la lipoprotéine lipase, l’apo B, le récepteur des LDL et le régime alimentaire. Les modèles de souris transgéniques déficientes en apo E suggèrent un rôle protecteur de l’apo E sécrétée par les monocytes-macrophages au niveau de l’intima et de l’apo E des HDL qui pourrait être dû à une augmentation de l’efflux du cholestérol des macrophages, effet opposé à l’effet proathérogène de l’apo E des lipoprotéines à apo B. L’équilibre entre ces effets pourrait être influencé par le phénotype de l’apo E.