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Cahiers d'études et de recherches francophones / Santé

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Evaluation des habitudes de prescription et de l'usage rationnel des médicaments au Niger Enquêtes successives dans 19 centres de santé intégrés de la région de Tahoua Volume 11, numéro 3, Mai - Juin 2001

Auteurs
Médecins Sans Frontières, Kenya Office, BP 39719, Nairobi, Kenya.

Les habitudes de prescription et l'usage rationnel des médicaments ont été étudiés dans 19 centres de santé de la région de Tahoua, au Niger. Les indicateurs d'usage rationnel des médicaments ont été mesurés par deux séries d'enquêtes, réalisées avant et après une intervention de formation des infirmiers, portant respectivement pour les deux périodes sur 627 et 665 prescriptions tirées au sort rétrospectivement, et sur 295 et 274 consultations successives observées. Le nombre moyen de médicaments par prescription a augmenté de 2,96 à 3,14 (p < 0,01) entre les deux périodes, et le pourcentage de prescriptions avec injections de 29,9 à 36,6 % (p < 0,02), alors que le pourcentage de prescriptions contenant un antibiotique a diminué de 75,2 à 68 %, (p < 0,01). La prescription en médicaments essentiels génériques de la liste nationale était réalisée dans presque 100 % des cas. Le coût moyen de la prescription a augmenté de 437 à 553 francs CFA (p < 0,001). Le taux de conformité aux traitements standardisés n'était que d'environ 50 % dans les deux enquêtes rétrospectives. Les moyennes de temps, pour les deux périodes, étaient supérieures à celles citées dans la littérature, de plus de 5 min et 3 min respectivement pour la durée de consultation et la durée de la délivrance. Les médicaments prescrits étaient effectivement délivrés dans presque 100 % des cas. L'étiquetage était correct dans environ 90 % des cas pour les deux périodes, alors que le pourcentage de patients décrivant correctement la posologie des médicaments est passé de 64,4 à 75,5 % (p < 0,01). Les documents d'aide à la prescription étaient présents sur les lieux de consultation dans presque 100 % des cas. Le pourcentage de médicaments clés disponibles au moment des deux enquêtes était satisfaisant, malgré une régression de 97,6 à 85,6 %. Si ce programme de médicaments essentiels a pu contribuer à la disponibilité de médicaments essentiels génériques délivrés de façon satisfaisante aux patients, les formations proposées aux infirmiers semblent n'avoir eu qu'un impact limité sur leurs habitudes de prescription. Le nombre de médicaments prescrits et, surtout, de produits injectables ainsi que le non-respect des directives thérapeutiques constituent des pratiques potentiellement dangereuses qui justifient de poursuivre des actions de formation adaptées mais aussi de communication avec les patients. Ces actions devraient être évaluées régulièrement, en utilisant de nouveaux indicateurs capables d'apprécier la prise en charge thérapeutique dans son ensemble.