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Médecine thérapeutique / Pédiatrie

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Troubles neurovisuels et praxiques : un élément déterminant du pronostic à long terme Volume 3, numéro 4, Juillet - Août 2000

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La mise en évidence, chez les enfants anciens prématurés porteurs de séquelles neuromotrices (IMOC), de troubles spécifiques des apprentissages (en particulier dans les domaines graphiques et visuo-spatiaux) a conduit à se poser la question des capacités d’apprentissage des enfants nés prématurément mais ne présentant aucune séquelle apparente [1]. Aussi, depuis une dizaine d’années, se trouve posée la question de l’intégrité de leurs compétences cognitives et le souci du devenir de ces populations d’enfants nés prématurément s’est étendu à leur devenir scolaire. Dès 1990, Leddet et al., étudiant le suivi jusqu’à 5 ans et demi d’une population de 36 enfants (tous scolarisés, en maternelle ou en cours préparatoire) nés avec un poids ne naissance inférieur à 1500 g (âge gestationnel inférieur ou égal à 32 semaines), notent que le pronostic psycho-intellectuel et scolaire doit être plus réservé que le pronostic neuro-moteur : ainsi, si seulement 3 enfants présentent une IMC, 13 présentent des « risques scolaires » plus ou moins importants [2]. Tessier et al., en 1997, confirment ces résultats en étudiant le devenir à 11-12 ans de 49 enfants prématurés et 28 enfants de poids de naissance inférieur à 2000 g [3]. De même, Damman et al., qui ont suivi une cohorte de 298 enfants de PN < 1500 g, con-cluent que à l’âge de 6 ans « le développement visuo-moteur est manifestement affecté de façon corrélée au bilan neurologique »[4]. Hack et al. publient en 1996 une étude portant sur le devenir de 114 enfants dont le poids de naissance est compris entre 500 et 750 g : à 20 mois d’âge corrigé, 20 % présentent une déficience mentale avec un indice de développement intellectuel inférieur à 70 (34 % ont un indice < 85 alors que la norme est comprise entre 90 et 110), alors que 10 % présentent une IMOC [5]. Enfin, plus récemment, Mellier et al. ont mis en évidence dans une population de 51 grands prématurés (nés avant 33 semaines de gestation) examinés au cours préparatoire (6 ans) une différence significative d’efficience en particulier en ce qui concerne les tâches de structuration spatiale et lexicale [6]. Cependant, bien que des séquelles cognitives aient été mises à jour chez ces enfants, il reste très difficile de se faire une opinion précise quant à leur fréquence, leur gravité, leurs manifestations cliniques concrètes, leur impact sur le pronostic scolaire et social à long terme. De même, il reste impossible de préciser le rôle de l’âge gestationnel, du poids de naissance, des complications ou autres morbidités associées lors de la période ante ou néo-natale qui pourraient avoir valeur pronostique ou prédictive [7]. Nous nous proposons donc ici de décrire en quoi consistent ces troubles neuro-visuels ou practo-spatiaux, grands pourvoyeurs d’échec scolaire, le plus souvent mais pas toujours liés aux lésions périnatales de leucomalacies périventriculaires.