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Virologie

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HTLV I pénètre dans les lymphocytes en induisant une polarisation du cytosquelette Volume 7, issue 5, septembre-octobre 2003

Author
Laboratoire de virologie moléculaire UR86 Bioagresseurs, Santé et Environnement (BASE), 37380 Nouzilly
  • Page(s) : 375
  • Published in: 2003

Auteur(s) : Caroline Denesvre

Laboratoire de virologie moléculaire UR86 Bioagresseurs, Santé et Environnement (BASE), 37380 Nouzilly

Rubrique coordonnée par D. Challine

La transmission efficace du rétrovirus humain HTLVI, entre individus comme entre cellules, requiert un contact cellulaire. Les glycoprotéines de l'enveloppe virale codées par le gène env constituent un élément nécessaire au passage du HTLVI de cellule à cellule. Dans cet article, les auteurs ont étudié la possibilité d'un passage du virus d'une cellule à une autre directement au niveau de jonctions cellulaires. Pour cela, ils ont analysé la localisation subcellulaire par microscopie confocale de protéines HTLVI, Gag (MAp19 et NCp15) et Env (SUgp46), ainsi que du génome viral, dans des lymphocytes T non stimulés isolés du sang de patients atteints de paraparésie spastique tropicale (HAM/TSP), infectés par HTLVI. Lorsqu'un lymphocyte T infecté se fixe à une cellule voisine (provenant du même échantillon sanguin), les protéines Gag et Env se relocalisent dans la cellule au niveau de la zone de contact établie entre les deux cellules. De plus, les auteurs ont observé que la taline, impliquée dans l'adhésion cellule-matrice, s'accumule au niveau des jonctions cellulaires sous la forme d'un anneau ou de plaques, dans la zone où se trouvent les protéines Gag. Lorsque des lymphocytes d'un patient sont mis en contact avec des lymphocytes allogéniques d'un individu non infecté, la protéine Gagp19 s'accumule non seulement au niveau des jonctions cellulaires, mais aussi dans les cellules non infectés (T, B et NK). Une analyse en Fish montre une polarisation des ARN génomiques HTLVI comparable à celle de Gag après établissement d'un contact cellulaire. Les auteurs ont fréquemment observé, concomitamment à cette polarisation des protéines et des ARN HTLVI, une « ré-orientation » du centre d'organisation des microtubules (MTOC) dans la cellule infectée en contact avec une autre cellule. Cette polarisation du MTOC serait associée à l'infection par HTLVI elle-même et non à une reconnaissance TCR-antigène comme précédemment décrite. En présence de nocodazole, un agent dépolymérisant les microtubules, la polarisation et le transfert de Gag d'une cellule infectée à une cellule non infectée est inhibée. Ce résultat suggère donc un rôle des microtubules dans ces phénomènes de transmission du HTLVI entre cellules ayant établi une zone de contact. Rien ne prouve dans cet article que le transfert observé, d'une cellule à une autre, de certains éléments HTLVI conduit à une infection productive.
Il faut aussi noter qu'il a été démontré récemment par un groupe français que les lymphocytes T au repos sont dépourvus en surface de récepteur HTLVI (Manel N et al. Blood 2003). Aussi serait-il intéressant d'étudier si le passage intercellulaire de HTLVI décrit par le groupe de Bangham est récepteur-dépendant et nécessite la présence de l'enveloppe virale.

Référence

Igakura T, Stinchcombe J. C. et al. (2003). Spread of HTLV-I between lymphocytes by virus-induced polarization of the cytoskeleton. Science 2003 ; 299 : 1713-6.