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Médecine thérapeutique

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Streptococcus pneumoniae : résistance aux antibiotiques Volume 6, numéro 6, Juin - Juillet 2000

Auteurs
Service de microbiologie, CHU Necker-Enfants-Malades, 149, rue de Sèvres, 75015 Paris, France.

Streptococcus pneumoniae (le pneumocoque) est une bactérie commensale des voies respiratoires supérieures souvent à l’origine d’infections otorhinolaryngologiques, surtout chez l’enfant (otites moyennes aiguës, sinusites aiguës), de pneumopathies communautaires et de méningites purulentes. Cette bactérie commensale colonise la muqueuse du rhinopharynx dès les premiers jours de vie. Le taux de portage atteint son maximum vers l’âge de 2 à 3 ans, en particulier en hiver et chez les enfants vivant en collectivité, où près de 50 % d’enfants peuvent être colonisés [1]. Ce taux de portage rhinopharyngé décroît ensuite avec l’âge pour atteindre 5-10 % chez l’adulte. Les enfants représentent donc un réservoir principal pour la dissémination du pneumocoque. L’infection clinique associant une réaction inflammatoire et une prolifération microbienne est habituellement induite à la suite d’une infection virale, d’un événement intercurrent (refroidissement) ou de l’acquisition d’une souche nouvelle particulièrement virulente [2]. Avant l’ère des antibiotiques, près de 1 % des adultes en bonne santé présentaient au moins un épisode de pneumonie aiguë, avec une mortalité de 30 % [2]. Ceci reste probablement vrai dans beaucoup de pays en développement. Dans les pays industrialisés, le taux global de mortalité reste aujourd’hui de 5 à 7 % malgré l’antibiothérapie. Le pronostic des infections à pneumocoque dépend de nombreux facteurs influençant la sévérité de l’infection, incluant le site de l’infection, la maladie sous-jacente et l’adéquation du traitement antibiotique. La mortalité est estimée à des taux variant d’environ 1 % à plus de 50 % [3]. Les pneumonies aiguës graves sont surtout observées chez les jeunes enfants, les vieillards ou les patients immunodéprimés (sida). Pendant près de 40 ans, les souches de S. pneumoniae sont restées très sensibles à la pénicilline qui fut longtemps l’antibiotique de choix des infections à pneumocoques. L’émergence et l’extension rapide, partout dans le monde, de souches de pneumocoques de sensibilité diminuée à la pénicilline et souvent multirésistantes aux antibiotiques a récemment remis en cause la place de cet antibiotique dans le traitement des infections à pneumocoques.