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Médecine thérapeutique

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Risque cardiovasculaire, épidémiologie, prévention Volume 6, numéro 10, Décembre 2000

Auteur
Unité 258 INSERM, 16, avenue Paul-Vaillant-Couturier, 94800 Villejuif, France.

Les aspects épidémiologiques des maladies prennent une place de plus en plus grande en médecine et le poids donné aux connaissances basées sur les faits témoigne en grande partie de cette évolution. Des changements particulièrement nets ont eu lieu de ce point de vue ces vingt dernières années dans le domaine de la pathologie cardiovasculaire, devenu un domaine d'application privilégiée des principaux concepts de l'épidémiologie moderne dont ceux de risque et de prévention. On entend souvent affirmer que ces concepts, certes anciens, sont scientifiquement dépassés, alors qu'au contraire ils se sont progressivement imposés dans tous les secteurs de l'activité médicale au point qu'on oublie leur origine, tant leur utilisation paraît naturelle. Aujourd'hui, le cardiologue clinicien sait reconnaître le patient à haut ou bas risque, il sait distinguer une situation de prévention primaire ou secondaire, bref, il applique dans son activité journalière des stratégies fondées sur des concepts et, lorsque c'est possible, sur des données quantitatives issues de l'épidémiologie. Il faut remarquer que, loin de s'opposer aux progrès de la biologie, l'épidémiologie cardiovasculaire moderne les utilise de plus en plus dans la recherche étiologique, progrès qui lui permettent en particulier d'envisager de nouveaux moyens de prévention. La reconnaissance au début des années 70 d'une diminution de la mortalité cardiovasculaire aux États-Unis pour la première fois depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, puis l'observation du même phénomène dans la quasi-totalité des pays industrialisés ont joué un rôle essentiel dans l'histoire de l'épidémiologie cardiovasculaire. Il a semblé à cette époque qu'un coup d'arrêt était mis à l'extension de la grande pandémie du xxe siècle, et qu'il était important d'en rechercher les causes afin d'évaluer la part attribuable à une baisse de l'incidence de la maladie dans les populations et celle provenant des progrès dans la prise en charge médicale des malades à court ou moyen terme. Les développements de la connaissance dans l'étiologie et la prévention primaire d'une part, et dans la prise en charge des événements aigus et la prévention secondaire d'autre part, ont été intimement liés. Dans une première partie nous en rappellerons les grandes étapes, puis nous tirerons les leçons du projet Monica de l'OMS [1] qui a fourni les données essentielles sur les évolutions épidémiologiques dans la période récente.