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Médecine thérapeutique

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Corticoïdes et bronchopneumopathies chroniques obstructives Volume 6, numéro 2, Février 2000

Auteurs
Service de pneumologie et Unité INSERM U. 408, Hôpital Bichat, 46, rue H.-Huchard, 75018 Paris, France.

En France et à travers le monde, les corticoïdes, par voie générale ou par voie inhalée, sont très largement utilisés pour le traitement des BPCO stables ou décompensées, bien que les recommandations des sociétés savantes publiées dans les dernières années soient nettement restrictives [1]. Ainsi, dans une étude canadienne, 43 % des prescriptions de corticostéroïdes inhalés concernaient des patients présentant une BPCO [2]. Les objectifs d’un traitement corticoïde dans les BPCO sont multiples et proches de ceux atteints par la corticothérapie dans l’asthme : soulager les symptômes des patients et en premier lieu la dyspnée, corriger au moins partiellement l’obstruction bronchique, limiter la fréquence des exacerbations, ralentir la dégradation de la fonction respiratoire. Les études prospectives récentes permettent de mieux situer l’intérêt de cette classe thérapeutique chez les patients atteints de BPCO et d’évaluer parmi ces objectifs ceux qui sont réellement atteints. Les données dont nous disposons ne permettent pas de déterminer des critères permettant de repérer les patients qui pourraient bénéficier d’une corticothérapie inhalée au long cours. Il est vraisemblable que les patients présentant une réversibilité du trouble ventilatoire obstructif après inhalation d’un agoniste b2-adrénergique ou après un test aux corticoïdes (40 mg/j pendant 14 jours) bénéficient à long terme d’un traitement par les corticoïdes inhalés [40-42]. L’étude Isolde comportait la réalisation systématique d’un test aux corticoïdes après inclusion dans l’étude. Les résultats définitifs de cette étude devraient permettre d’évaluer sur un grand nombre de patients l’intérêt d’un test aux corticoïdes. Pour les patients chez lesquels on ne met pas en évidence de réversibilité (la majorité), seule l’étude ISOLDE montrerait une réduction du nombre des exacerbations et de la vitesse de dégradation d’un index de qualité de vie chez les patients les plus sévères recevant 1 000 mg de fluticasone par jour. Dans tous les cas, l’arrêt du tabagisme constitue la pierre angulaire de la prise en charge thérapeutique de ces patients puisqu’il s’agit de la seule méthode permettant de ralentir la détérioration progressive de la fonction respiratoire au cours des BPCO. Depuis la soumission de cet article, Davies et al. ont publié une étude prospective randomisée en double aveugle contre placebo évaluant l’efficacité des corticoïdes généraux (prednisolone : 30 mg/j pendant 14 jours) dans les décompensations aiguës des BPCO nécessitant une hospitalisation [43]. L’étude a inclus 29 patients dans le groupe traité et 27 patients dans le groupe placebo. Les résultats confirment l’effet bénéfique obtenu par Niewoehner et al. [24].